Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Jacques Sandron : décès d’une étoile filante…
Seuls les vieux lecteurs du Spirou des années 1970 se souviennent de Jacques Sandron. Et pourtant ce dessinateur qui nous a quitté le 18 février était un auteur membre de la bande de joyeux drilles du grand Raoul Cauvin avec les aventures burlesques de « Godasse et Godaille ». On lui devait bien ces quelques lignes.
« Très prometteur aussi, en page 75, notre ami Sandron, qui nous propose les épi-comédies du brigadier Godaille assisté de son cheval Godasse. L’épopée napoléonienne vue de l’autre côté de la lunette. Une patte déjà certaine : Sandron se rode techniquement depuis des années à notre imprimerie au service retouche-hélio. Il saute enfin le pas et, après avoir travaillé sur tant de créateurs, se glisse dans la cohorte de nos dessinateurs ». C’est par ce mots sympathiques que Jacques Sandron faisait son entrée dans le numéro 1938, un spécial vacances,  de l’hebdomadaire Spirou, le 5 juin 1975.
Né par accident à Lude dans la Sarthe le 2 mai 1942 – ses parents comme beaucoup de belges participaient à l’exode face à l’envahisseur allemand – Jacques Sandron rejoint rapidement la Belgique. Il étudie à l’École des Mines Faliselle près de Namur avec pour objectif la profession de mineur de fond comme son père. La meurtrière catastrophe de Marcinelle l’incite à choisir une autre profession. Il entre en apprentissage en 1957 aux imprimeries des éditions Dupuis où il devient retoucheur hélio à l’imprimerie de Marcinelle et où il travaillera jusqu’à son départ à la retraite en 1994. Comme nous l’avons vu plus haut, son rêve de publier ses dessins dans les pages de l’hebdomadaire Spirou se réalise en 1975 après bien des refus. Il publie quelques histoires courtes, puis cinq longues aventures de son duo écrites par Raoul Cauvin jusqu’en 1988. Les albums ont été publiés par Dupuis, réédités par MC Productions puis Jourdan. À partir de 1984, il dessine « Raphaël et les timbrés » toujours avec Cauvin dans les pages du mensuel de Bayard Presse Je bouquine. Les déboires d’un brave facteur souvent dépassé par les évènements (deux albums édités par Soleil) qui seront également proposés par la revue I Love English. Il abandonne la bande dessinée en 1994. On lui doit aussi l’illustration d’ouvrages scolaires pour l’éditeur britannique Nelson Thornes.
Étoile filante dans sa longue histoire, Jacques Sandron a toute sa place dans la longue liste des auteurs qui ont participé à la grande aventure de l’hebdomadaire Spirou. Le numéro 4222 de Spirou du 13 mars prochain rendra un hommage mérité à son dessinateur disparu.
Henri FILIPPINI
Le très discret Jacques Sandron compagnon de route de Raoul Cauvin nous a quitté,occasion de se rappeler qu’il était un remarquable dessinateur,très synthétique et à la caricature fine observation du réel.
A la fois complètement dans la tradition de l’école de Marcinelle et totalement original.Et quel dessinateur animalier!
De l’école de Marcinelle il avait su saisir le côté engageant et sympathique ,faussement simple,à la Peyo:mais quand d’autres reprenaient les astuces de Franquin avec plus ou moins de bonheur,lui en avait saisi la leçon en s’ imprégnant de la réalité pour en ressortir le substrat.
A ce sujet ses chevaux sont extraordinaires de dynamisme et expressivité, pour un ensemble de qualités créatives qui donne tous les attributs d’ un grand.
Un grand probablement passé à côté de la carrière qui lui était normalement réservée.Probablement pas assez soutenu,comme d’autres…
Un dessinateur,sur son temps libre puisqu’il avait un autre emploi, magnifique et pétillant qui en valait beaucoup d’autres.S’ il avait pratiqué plus activement le dessin,nul doute que son évolution aurait été redoutable.Il y avait un sacré potentiel.
La preuve avec ce dessin d’un Sandron en état de grâce qui prouve qu’à l’occasion il pouvait se hisser au niveaux des meilleurs: https://www.comicartfans.com/GalleryPiece.asp?Piece=1503661
Un peu plus sur lui ici: http://www.lestuniquesbleues.com/forum/viewtopic.php?pid=7242#p7242qui
Et là : http://www.lestuniquesbleues.com/forum/viewtopic.php?id=686
Un dernier pour la route pour goûter à quel point Sandron était bon et qui donne des regrets sur ce qui aurait pu être :
http://s3-eu-west-1.amazonaws.com/auctionmediaphotos/5/b/6/1542986773829338.jpg
Bravo pour votre commentaire… Ce dessinateur trop modeste avait une vision hors du commun et sa fantastique main traduisait ses pensées avec justesse et clarté. Un trait incisif mais tellement juste. Des correspondances anatomiques parfaites et des attitudes hors du commun dans des ambiance de cases dépourvues de tous artifices superflus… J’ai eu la chance de voir, je devais avoir à peine 16 ans, des dessins à la craie de Jacques Sandron réalisés sur le tableau noir de mon ancienne école en guise de décors pour les fancy-fair, je les admirais comme on admire les Å“uvres des musées. Son trait était aussi sûr et prenait toute son ampleur avec ce médium de calcaire. Jacques Sandron aimait le dessin, il méritait une reconnaissance de son vivant… Quant à moi, je le remercie de tout ce qu’il m’a apporté… Un grand monsieur !
Il y a peu,j’étais retombé sur son travail pour (re)découvrir à quel point il c’était un dessinateur -et un conteur- remarquable.
Qui avait parfaitement bien compris la structure de chaque chose,par l’observation stricte,en surface, et la compréhension « interieure »,la charpente.
Base on ne peut plus solide sur laquelle il s’ appuyait pour reconstituer la réalité ,débarrassée de ses scories,et en faire du Sandron :c’est à dire une réalité sur le fil,esthétique,bien plus vivante que nature.
Un artiste,un créateur. Sandron a creusé son sillon.
Encore une fois Sandron était un grand,passé un peu inaperçu. Pour tout un tas de raisons on est passé à côté d’un très grand.
C’est regrettable. Gageons qu’on le redécouvrira.
Parce qu’il mérite beaucoup plus que la vague indifférence dont il est l’objet, un lien vers un entretien tres instructif avec l’excellent Sandron,où on apprend que c’est la caisse retraite belge qui a contrarié ses envies de création BD: https://brusselsbdtour.com/interviews/sandron-jacques/
Sandron le très doué qui aura fait du dessin une activité secondaire alors qu’il était un artiste de premier plan. Un dessin à la fois très spontané et extrêmement pensé.
Merci pour le lien, cette interview de Jacques Sandron est très intéressante.
Ce qui serait encore plus intéressant et instructif,ce serait un entretien de Sandron
où il parle de son travail,sa méthode, sa vision,ses choix…..
De la part de cet,de toute évidence ,amoureux du dessin,de la narration et de la recherche,ce serait une véritable leçon. Comme par exemple avec l’audace de sa représentation des chevaux,encore meilleure que celles des Morris,Lambil,Uderzo des références en la matière.
Pour le plaisir encore,une planche simple en apparence,véritable merveille d’ épure ,style,encrage,composition,vitalité et justesse : https://www.hubertybreyne.com/image/catalog/000VENTES_AUX_ENCHERES/0-17-11/PLANCHES/SANDRON-GodailleEtGodasse-UnHussardALaMer-Planche40-33×43-LD.jpg
J’ajouterais Remacle à votre liste ci-dessus, comme auteur au style proche de Sandron