« Les Chats du Louvre », le chef d’oeuvre de Matsumoto Taiyô, s’enrichit d’une intégrale remarquablement colorisée par Isabelle Merlet…

« Les Chats du Louvre », manga commandé par le célèbre musée parisien au non moins célèbre mangaka Matsumoto Taiyô, est dorénavant publié dans une intégrale qui ne se contente pas de rassembler les deux volumes existants. Elle est agrémentée d’une superbe mise en couleur par une des plus grandes artistes françaises du domaine : Isabelle Merlet.

Les rares mangas bénéficiant d’une mise en couleur sont généralement bariolés de teintes criardes et franches rappelant celles d’un animé. Ici la palette utilisée est délicate. Elle donne une ambiance feutrée au chef-d’œuvre de Matsumoto. Il est clairement difficile de revenir vers la version en noir et blanc après avoir eu entre les mains cette intégrale. Les touches de couleurs sont subtiles, si un rouge côtoie un bleu, on aurait presque l’impression que l’éventail des nuances ne s’est pas ouvert complètement tellement leurs teintes semblent proches. Ce travail d’enluminure délimite parfaitement le fond et les personnages tout en les incorporant l’un dans l’autre. Malgré ses tons presque fades, il éclaircit le dessin et permet une lecture bien plus rapide des scènes. On aperçoit enfin certains détails qui avaient pu nous échapper auparavant. Il met surtout en exergue la grandeur de ce lieu majestueux qu’est le Louvre en sublimant le travail iconographique de l’auteur.

Isabelle Merlet, coloriste pour des auteurs tels que Blutch, Philippe Dupuy, Pascal Rabaté, Bastien Vivès et tant d’autres, n’est pas arrivée par hasard sur ce projet. C’est à la demande personnelle de Matsumoto qu’elle a accepté de mettre son talent au service de ce manga. Matsumoto ayant déjà repéré son travail du fait de sa grande ouverture sur l’art européen et à sa curiosité envers la bande dessinée. Que cette coloriste de renom ait accepté sa demande l’a sûrement aidé dans son choix de se confronter aux standards des couleurs des publications françaises.

Au final, le résultat est exceptionnel. L’album de plus de 400 pages, toujours en grand format, est enveloppé par une couverture souple, elle-même protégée par une jaquette, alors que l’édition en deux volumes est elle présentée avec une couverture cartonnée. Étant donné que les 18 chapitres qui compose cette aventure au cœur de cette institution française forment une histoire complète, il semble inconcevable aujourd’hui de ne pas immédiatement opter pour la version couleur. Celle-ci est tellement bien intégrée qu’on ne peut pas imaginer que Matsumoto Taiyô n’ait pas conçu son manga en ayant en tête les tons pastels d’Isabelle Merlet associés à son trait si particulier. En plus, son prix de 33 € le rend à peine plus chère qu’un seul volume noir et blanc à 26 €.

Est-ce réellement un manga puisqu’il ne répond plus aux critères du genre ou peut-on appeler ça une bande dessinée réalisée par un auteur japonais ? C’est tout simplement un roman graphique, qui saura se faire apprécier des amateurs de BD, mais également d’un nouveau public adepte d’une narration plus étalée et fréquentant indéniablement le musée français. Quel bel hommage de la part de cet auteur japonais quand on sait le nombre impressionnant de peintures inspiré de l’art asiatique exposé au Louvre ! La boucle est bouclée.

Gwenaël JACQUET

« Les chats du Louvre », intégrale couleur par Matsumoto Taiyô et Isabelle Merlet
Éditions Futuropolis (33 €) – ISBN : 9782754825658

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