« Black Magick Tome 2 : passé recomposé » par Greg Rucka et Nicola Scott

Glénat confirme son attachement aux histoires diaboliques et à la sorcellerie avec la parution du très bon tome 2 de « Black Magick », se révélant comme l’un des meilleurs récits de son catalogue comics indépendant, pourtant déjà incontournable.

Tandis que le premier tome avait directement montré les prémices de capacités de Rowan Black, inspectrice de police et sorcière de mère en fille depuis des générations, et que nous avions fait connaissance avec son environnement familial : sa sœur Alexandra, elle aussi sorcière, et Morgan, son partenaire au commissariat de Portsmouth, cette suite nous propose de mieux comprendre les liens qui tissent son passé.

Greg Rucka dévoile rapidement un flash back se déroulant lors de la soirée « d’initiation » de Rowan, alors jeune fille, en pleine forêt. Où l’on comprend la force particulière dont elle a normalement du hériter de la grande et puissante famille des « noires ». Bien quelle use de quelques sorts inoffensifs à son travail pour des dissimulations, ou quelques incantations et protections à son domicile, Rowan fait partie de ce qu’on appelle les sorcières « justes », ne cherchant pas le mal, à l’inverse de plus redoutables, auxquelles elle et sa sœur vont devoir se confronter.

Le récit suit des pistes posées en parallèles : celle professionnelle, d’individus retrouvés morts dans d’étranges circonstances, noyés ou brulés, avec la main coupé ; ses relations peu sincères avec son collègue, (secrets obligent…), et ses activités extra professionnelles, au contact des éléments paranormaux. Que ce soit avec sa sœur, ou la confrérie Aira, rassemblant des chasseurs de sorcières, depuis des générations, et qui ont été mis sur sa piste pour les mêmes raison que son enquête.
Les parties vont rentrer en relation…

« Black Magick » surprend très agréablement par son aspect thriller assez classique, mâtiné de l’aspect sorcellerie amené de manière très réaliste dans le récit. Le mélange des deux se combine comme une bonne recette, et le récit de Greg Rucka, s’il développe ainsi une histoire pouvant rappeler un genre connu (1), reste éminemment personnel et original. Il rappelle d’ailleurs dans son déroulé davantage une série policière télévisuelle qu’un comics classique. Mais cela est plutôt un élément positif ici.

A propos de l’aspect graphique, l’illustratrice Nicola Scott, entre autre très remarquée sur la série « Wonder Woman Rebirth » depuis 2016, happe le lecteur avec un dessin à l’encrage souple, tout en aplats grisés amples, usant par moment de superbes couleurs pour décrire des passages particulièrement marquants, comme si le feu ou l’énergie entrait en action dans les planches. Une idée subtile et originale, donnant à son trait, déjà fort agréable, une puissance de séduction supplémentaire, tel …un sort. Ne luttez pas contre la magie noire !

Franck GUIGUE

(1) On pourra penser au « Journal d’un vampire » (série TV tirée du roman de Lisa Jane Smith), à « Rachel Rising » (Terry Moore, chez Delcourt), mais aussi un peu à « The Wicked plus The Divine » (Kieron Gillen et Jamie McKelvie chez Glénat), pour son aspect graphique et gothique dans les moments les plus colorés. Une belle réussite en tous cas.

 

« Black Magick Tome 2 : passé recomposé » par Greg Rucka et Nicola Scott
Éditions Glénat comics (17,50€) – ISBN : 9782344020173

A noter, la parution cette fin octobre de « Winnebago Graveyard », un One Shot intrigant et haletant, porté aussi par une histoire de sorciers.

Lorsqu’une famille circulant l’été à bord d’un camping car décide de s’arrêter en plein bled paumé du sud des États-Unis dans une fête foraine un peu étrange, très peu fréquentée, cela ne fait pas partie de leurs meilleures idées. Surtout lorsque ceux-ci constatent, en voulant repartir, que leur van a été volé. Se rendant dans la petite bourgade voisine, ils vont être pris en chasse par une sorte de secte satanique. (D’où le « Graveyard » (le cimetière) du titre, constitué de tous les autres vans déjà volés…)

Revoilà Steve Niles, défendeur des récits d’horreur, avec un mini récit complet de quatre numéros de chez Image comics. Là encore, une histoire mettant en avant l’épouvante et la sorcellerie, plutôt sympathique et bien troussé, quoi qu’un peu court, mais permettant surtout de découvrir le dessin très particulier d’une autre artiste : Alison Sampson. Celle-ci avait été présentée au lectorat français en mai avec l’introduction de « Winnebago Graveyard » dans le fascicule « Free Comic Book Day » des éditions Glénat.

Son dessin au trait extrêmement fin, aux ligne bancales et aux visages exagérés, (voire monstrueux) se prête à merveille au scénario déjanté du scénariste. Celui-ci est agréablement mis en couleur par Stéphane Paitreau. S’agissant du premier album français de la dessinatrice, pourtant autrice d’autres titres parus aux États-Unis, on espère pouvoir la revoir très bientôt par chez nous. Un petit comics tout mignon et râpeux, comme on les aime.

« Winnebago Graveyard » par Steve Niles et Alison Sampson
Éditions Glénat comics (15,95 €) – ISBN : 9782344030592

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