Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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John Cruz alias Tango traîne le boulet d’un passé trouble qui l’empêche de poser ses valises. Recherché par ses anciens employeurs dont les hommes de mains ont pour ordre de le liquider, il croyait avoir trouvé la paix en Bolivie dans un coin paumé de la Cordillère des Andes… Et le voila qui fait route à bord du bateau de Mario, un ancien policier, vers une île perdue des Caraïbes où vit Mike, son grand-père qui l’a élevé après la disparition de ses parents…
Intrigués par la découverte d’une barque vide dérivant à quelques encablures de l’île, Tango et son ami Mario débarquent, accueillis par le vieux Max et son ami Camilo. Le bateau qu’ils remorquaient était celui de Louis, un autre pêcheur ami de son grand-père, aux abonnés absents depuis deux jours. Louis est le père d’Alma, joli brin de fille, premier amour de Tango alors adolescent, avant son départ de l’île il y a sept ans. C’est à bord d’un hélicoptère qu’une bande de salopards ramène le corps de Louis qu’ils ont assassiné, dernier avertissement avant leur anéantissement complet s’ils n’ont pas quitté les lieux dans un délai de trois jours. C’est pour bénéficier d’un mouillage en eau profonde et de la discrétion des lieux pour entreposer leur marchandise de contrebande que les trafiquants commandés par le redoutable Branko Stepanovic sont prêts à tout. Tango et Mario sont efficacement soutenus par Max et Camilo, qui se révèlent deux redoutables « tontons » flingueurs.. Comptant bien profiter de ces lieux paradisiaques, le duo se rend à Nassau aux Bahamas où se trouve le quartier général des malfrats. Au fil des pages le sang va couler à flot, les morts violentes se multiplier, afin que Louis soit vengé et que cette petite île des Caraïbes retrouve la sérénité… Infatigable voyageur, son devoir accompli, Tango reprend la mer, direction Panama.
Matz, alias Alexis Nolent, né en 1967, scénariste apprécié par les amateurs de polars au ton original (« Le Tueur »), propose ici une histoire d’aventure mouvementée, riche en corps à corps virils et en personnages à la fois déterminés et truculents. Si l’intrigue bien ficelée n’apporte au genre rien de vraiment nouveau, on s’attache à ces vieux pêcheurs au passé mouvementé, aux paysages enchanteurs, à la présence sensuelle de la belle Alma. Bouclé en un album, ce riche récit de 68 pages renoue avec les grandes séries d’aventure d’après-guerre, « Bernard Prince », « Bob Morane » ou encore « Bruno Brazil ».
Philippe Xavier, né en 1969 à Bordeaux, étudie puis travaille pendant douze ans au Chili puis aux États-Unis avant de revenir s’installer en France puis en Belgique où il dessine « Paradis Perdu » chez Soleil, « Croisades » au Lombard, « Conquistador » et « Hyver 1709 » chez Glénat. Il débute aux éditions du Lombard la série « Tango » en 2017. 2018 est une année faste pour lui puisqu’il signe aussi les douze pages de la partie BD du second volume de « XIII : L’Enquête » édité par Dargaud. De son expérience américaine il conserve son goût pour l’action, tout en soignant décors et personnages. Un auteur au trait réaliste et percutant, comme il y en a de moins en moins au sein de la nouvelle génération. Ajoutons les couleurs chaudes et ensoleillées de Jean-Jacques Chagnaud, efficace et excellent pro depuis bientôt 40 ans.
Henri FILIPPINI
« Tango T2 : Sable rouge » par Philippe Xavier et Matz
Éditions du Lombard (14,45 €) _ ISBN : 978 2 8036 7235 6