« Mutts T3 : Dimanche soir » par Patrick McDonnell

An 80 après le premier comic book d’envergure aux États Unis. Est-ce que le strip quotidien dans les journaux, bien plus ancien, a pour autant disparu ? Non. La tradition résiste et certains auteurs très doués parviennent même à surprendre avec leurs créations. C’est le cas de « Mutts », dont les Rêveurs nous offrent le réjouissant troisième volume des strips dominicaux.

Earl le petit chien blanc aux tache noires et Mooch, le gentil chat noir zozotant sont les deux amis d’un foyer aimant. Dans la grande tradition des strips des années cinquante, et plus particulièrement les « Peanuts » de Charles Monroe Schulz, ou, en se référant plus loin (« Krazy Kat » de George Herriman), ces deux animaux passent leur temps à converser et échanger avec leur amis. S’ils interagissent différemment avec les humains qui les entourent, (tandis qu’Earl se comporte en chien et aboie, Mooch tient des propos, certes non perçus par ses maîtres, mais fait mine d’une attitude plus provocatrice. Mais cela est le propre des chats, n’est-ce pas !?), leurs questions existentielles se recoupent et ils se révèlent un support l’un pour l’autre. Sur 117 pages, contenant presque autant de bandes du dimanche en couleur des années 2003-2004, l’art de Patrick McDowell, officiant sur cette série animalière depuis 1994, s’étale avec charme et fluidité sous nos yeux.

On est immédiatement séduit par la tendresse et la poésie que dégagent ces comic strips, dont chaque sketch possède généralement deux bandes horizontales, introduites par un cartouche de titre dessiné, délivrant presque autant de charme que les histoires elles-mêmes. On pourrait pratiquement s’en faire un joli jeu de cartes à collectionner. Earl et Mooch possèdent de nombreux amis ou « voisins », de tout genre animal, jusqu’au crabe (il faut croire qu’ils vivent près de la mer). Ceux-ci interviennent à l’occasion dans le strip ou font parfois l’objet, seuls, d’une page complète. Ils bénéficient tous d’une fiche d’identité sur le site de l’auteur : http://www.mutts.com.

Si l’on a évoqué en introduction deux des strips classiques les plus représentatifs et jouissifs du genre, appuyons sur le fait qu’il est impossible de ne pas trouver un rapprochement avec eux en lisant « Mutts ». Au moins en ce qui concerne le non sens, voire certaines scènes ou décors (la page 123 est assez évocatrice de « Krazy Kat » par exemple). Cela confère un parfum délicieusement précieux à cette bande dominicale et atteste du grand talent de Patrick McDowell, « recyclant » sans plagier, dira t-on.


Cecil McKinley, qui avait chroniqué le premier tome « Mutts : Dimanches matin » sur BDzoom.com, (http://bdzoom.com/105323/comic-books/%C2%AB-mutts-dimanches-matin-%C2%BB-par-patrick-mcdonnell/) signe l’introduction, sur deux pages, qualifiant « Mutts » de chef-d’œuvre. On est d’accord, en rajoutant que « Mutts » fait du bien, et que l’on ne remerciera jamais assez les Rêveurs de mettre de si belle manière à disposition une part aussi révélatrice du comic strip américain moderne, car ce format oblong cartonné est aussi de toute beauté. « Ch’esche une réushite » !


NB : Le même éditeur est à l’origine ce mois de septembre de la publication de : « Krazy Kat : George Herriman une vie en noir et blanc » (par Michael Tisserand), biographie illustrée de George Herriman. Un livre au fort intérêt patrimonial pour tout amateur de bande dessinée, normalement, qui fait suite aux éditions des bandes de « Krazy Kat ». (6 volumes disponibles)

Franck GUIGUE

 

 

« Mutts T3 : Dimanche soir » par Patrick McDonnell
Éditions les Rêveurs (15€) – ISBN : 979-1091-47692-8

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