Blake et Mortimer dans l’œil des cyclones…

Si le cyclone qui joue un rôle important dans les premières planches de la nouvelle aventure de Blake et Mortimer est né de l’imagination fertile du scénariste Yves Sente, celui qui alimente l’actualité depuis quelques mois est bien réel et risque de secouer durablement le petit monde des collectionneurs d’originaux. Une tempête dont se seraient bien passés les deux héros d’Edgar P. Jacobs.

André Juillard souhaitant se consacrer provisoirement à d’autres travaux, ce sont deux dessinateurs néerlandais, Peter Van Dongen et Teun Berserik, qui assurent la mise en images du nouveau diptyque écrit par Yves Sente. Superbement dessiné dans l’esprit du « Mystère de la grande pyramide », ce récit situé aux origines de la série, entraîne les deux héros à la recherche d’une statuette de terre cuite disparue au cours d’un cyclone. Celle-ci dissimule des documents vieux de 2500 ans datant de la première dynastie impériale. Pour les deux anglais une aventure exotique débute alors que plane l’ombre maléfique d’Olrik.

Si la sortie du premier album est prévue le 18 novembre, les lecteurs impatients peuvent découvrir les 13 premières pages sublimes dans le numéro 93 de L’Immanquable (100 pages en couleurs, 7,50 €, en kiosque).

L’autre cyclone que doivent affronter bien malgré eux les deux héros est contemporain et concerne la disparition de quelques 200 planches originales de leur créateur Edgar-Pierre Jacobs.

Le numéro 108 du mensuel Casemate (novembre 2017) avait publié un long article évoquant cette sordide affaire. Dévoilée par Daniel Couvreur, journaliste du quotidien Le Soir de Bruxelles, cet article de onze pages (numéros du Soir des 16, 17, 18, 19, 20, 30 septembre et 1er octobre 2017) évoquait l’étrange disparition de quelques 200 originaux sur les 700 auxquels il faut ajouter crayonnés et calques que contenait un coffre de la banque Lambert à Bruxelles. Coffre détenu par Philippe Biermé, président de la Fondation Jacobs, adoubé par le dessinateur lui-même avant sa disparition en 1987. Depuis 2015, les originaux restant sont placés sous la protection de la Fondation roi Baudoin, sous la garde de son président Dominique Allard. Plus inquiétant, depuis quelques années, des planches originales aux origines mystérieuses sont vendues en salles des ventes ou même par démarchage auprès des collectionneurs. Un acheteur dissimulé sous le nom de El Cascador figure parmi les acquéreurs de plusieurs planches, dont la couverture de « La Marque jaune ». Une affaire qui se chiffre en millions d’euros compte tenu de l’évolution du marché des originaux.

De nombreux articles publiés dans la presse ces jours-ci indiquent que la Police Fédérale Belge est en France sur une piste sérieuse. Les policiers mènent des auditions et des perquisitions à Paris auprès de collectionneurs et de propriétaires de galeries bien connus des collectionneurs. Plusieurs planches auraient été retrouvées. Affaire à suivre…

En attendant d’en savoir plus, oublions ces marchandages sordides et revenons à la BD pour savourer cette « Vallée des immortels » qui permet de découvrir un épatant duo de dessinateurs dont le travail risque de faire date parmi les successeurs d’Edgar-Pierre Jacobs.

Henri FILIPPINI

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7 réponses à Blake et Mortimer dans l’œil des cyclones…

  1. Box office Story dit :

    En tout cas je suis bluffé par la planche publiée ! On dirait totalement du Jacobs !

    • PATYDOC dit :

      Van Dongen est un dessinateur formidable ; trop longtemps absent du marché de langue française ; j’ai acheté en son temps les deux albums Rampokan, qui sont des chefs d’œuvre. Je crois que ces deux albums vont être réédités en un seul, chez Dupuis . Je ne sais pas s’ils seront réédités en bichrome ou bien mis en couleurs ? Si BDZoom a des infos ? Si l’album est polychrome, je le ré-achèterai, tant j’aime cet auteur.

  2. Olivier Northern Son dit :

    Si le scénario est du même niveau que le dessin, on ne va va pas être loin du chef d’œuvre!

  3. Schetter dit :

    Chaque œuvre de Jacobs apportait un souffle différent. Il s’agissait de romans. Certes, avec des clefs, des intrigues parfois conventionnelles. Mais le lecteur était pris par une atmosphère où tout était mis en place pour apporter de la crédibilité. Nous intriguer, nous ouvrir les portes d’un voyage original. Du moins jusqu’au Piège Diabolique. Ensuite, l’âge venant, la fatigue ou un désintérêt à force de se faire abuser, Jacobs a glissé doucement vers le sommeil. A sa mort, certains se sont, hélas, régalés. Franchissant les obstacles du droit, des repreneurs ont imaginé une reprise. Et de romans, nous sommes passés au feuilleton. Il y a un public pour cela, nombreux. Et chacun d’y aller d’un commentaire dithyrambique, ne s’attardant pas sur le fond d’un récit, la musculature de Mortimer devenu éphèbe, les ficelles, le manque d’originalité finalement. De tous ces titres nouveaux, un seul volume se détache et pourrait sans rougir rejoindre la saga initiale si on oublie les épaules rapetissées des protagonistes. Il s’agit de « La machination Voronov ». Quant aux autres…! Quant à ce nouvel « opus » réalisé à deux mains et trois têtes, certaines séquences me rappellent Monsieur Barelli de Bob de Moor. Cela se feuillette gentiment. Après tout, le propre d’une série qui s’éternise sur Basam Dadu, l’Espadon et autres ficelles, c’est de nous faire croire que nous retombons dans l’enfance. Jacobs, lui, nous emmenait vers le haut.

    • FranckG dit :

      Pas faux …je partage votre opinion sur la difficulté à écrire de bonnes histoires sur une reprise… et le piège de tomber dans la redite pour faire plaisir aux nostalgiques… En amateur de la série, je lirai ce tome néanmoins avec intérêt, et en ferai un retour à l’occasion.

      • Alfred dit :

        Voici un lien d’un interview très interessant de Jacobs.
        https://www.sonuma.be/archive/seniorama-du-04041977
        On notera le commentaire de jacobs sur chaque bas de page ainsi que la façon dont il considérait les blocs texte à savoir comme une bande sonore.
        une vue globale de sa façon de travailler qui nous permet de mieux comprendre son oeuvre.
        J’ai eu l’occasion de voir l’expo à l’abbaye de l’épau au Mans. Superbe !!!

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