« China Li T1 : Shanghai » par Jean-François Charles et Maryse Charles

Après nous avoir invité à parcourir le Canada dans « Les Pionniers du Nouveau Monde », l’Inde fabuleuse des maharadjas dans « India Dreams », l’Europe en guerre dans « War and Dreams », l’Afrique de la colonisation dans « Africa Dreams » (avec Frédéric Bihel), l’Égypte antique dans « Les Mystères d’Osiris » (avec Benoît Roels), c’est la Chine du début du XXe siècle que Maryse et Jean-François Charles nous proposent aujourd’hui de découvrir. Un triptyque magistral où l’aventure humaine est confrontée aux tumultes de la grande Histoire.

Employé de l’étude Dupont-Bedon de Mourmelon, un homme rend visite aux propriétaires du restaurant chinois La Rivière Li. Il leur propose d’évoquer en sa compagnie l’histoire vieille de 80 ans de Li, dont ils sont les descendants et dont ils ignoraient jusqu’à présent le fabuleux destin. Dans les années 1920, Li, une jeune gamine de la campagne chinoise, est vendue à un maître par son frère aîné en paiement de dettes de jeu. Battue et violée à son arrivée à Shanghai par un homme à la tête de rat, elle est recueillie par Zhang Xi Shun, un eunuque, puissant chef de la triade criminelle appelée la Bande verte.

Ému par le destin cruel de la petite provinciale et par ses talents de dessinatrice, le chef mafieux lui apprend la peinture, la calligraphie, l’histoire de la Chine et le français en compagnie d’une institutrice, Madame Ferté. Il finit par adopter Li alors que la guerre des gangs fait rage à Shanghai et que Tchang Kai-Shek s’oppose à Mao Zedong et aux communistes survivants de la « Longue Marche ». Afin de l’éloigner de ces évènements tragiques, Zhang envoie Li en France, accompagnée de madame Ferté et sa fille Raphaëlle. Li, dont le destin se poursuivra en Europe est l’héritière depuis la mort de son bienfaiteur de 130 millions de dollars en actions et en œuvres d’art qui se trouvent enfermés dans les coffres d’une banque à Zurich. Pour en hériter, il faut prouver son décès et retrouver l’ensemble de ses descendants…

Tous les ingrédients de la saga familiale mêlant la grande Histoire, l’exotisme, l’amour, l’initiation et l’aventure sont au rendez-vous de ce récit qui invite le lecteur à traverser un siècle d’histoire. Les personnages sont attachants, crédibles, sans cesse aux prises avec les évènements qui ont vu  la Chine passer de l’ère impériale à la Révolution communiste. Les décors sont soignés, fruits de plusieurs semaines de recherches passées en Chine par les auteurs. Série classique dans sa conception comme dans sa réalisation, « China Li » témoigne s’il en est encore besoin que la bande dessinée réalisée avec amour et minutie a encore de beaux jours devant elle.

Le couple Maryse (née Maryse Nouwens) et Jean-François Charles (1952) travaille en duo dès la création en 1982 des « Pionniers du Nouveau Monde » (en collaboration avec Jan Bucquoy pour le premier épisode). Si Jean-François dessine seul, c’est à deux qu’ils donnent naissance à leurs histoires aux personnages soigneusement étudiés. Le dessin précis, sensuel (que ses femmes sont belles !), aux décors riches sert avec justesse des récits toujours entre grande et petite histoire. Ce premier épisode de « China Li » (64 pages)  ne décevra pas ceux qui suivent avec gourmandise les travaux de Maryse et Jean-François Charles.

Notons que les éditions Casterman ont publié un élégant dossier de presse qui devrait intéresser les collectionneurs.

Henri FILIPPINI

« China Li T1 : Shanghai » par Jean-François Charles et Maryse Charles

Éditions Casterman (14,50 €) – ISBN : 978 2 203 149 502

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3 réponses à « China Li T1 : Shanghai » par Jean-François Charles et Maryse Charles

  1. Marcel dit :

    Bonjour,

    Une petite question pour Monsieur Filippini, car si je ne me trompe pas, il bossait chez Glénat à l’époque : je viens de découvrir que le premier tome des Pionniers du nouveau monde était en fait scénarisé par Jan Bucquoy, qui a ensuite passé le relai à JF Charles tout seul. Cependant, ni dans l’édition originale Deligne, ni dans la reprise Glénat n’apparaît son nom dans l’album, jusqu’aujourd’hui encore (alors qu’il est bien crédité pour Le bal du rat mort).
    Une explication ?…
    Merci !

    • Bonjour, Marcel !
      En effet, Jan Buquoy a travaillé sur la mise en route des « Pionniers du nouveau monde ». Mais Bucquoy n’étant pas homme a réunir de la documentation Jean-François a préféré travailler avec son épouse Maryse, documentaliste pointue… et scénariste en devenir. Si mes souvenirs sont bons, les deux hommes se sont entendus : ni Jan ni Jean-François étant procéduriers !
      Henri Filippini

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