« Traqueurs T2 : L’Héritage de sang » par Tirso et David Munoz

Au XVIIIe siècle, au temps des guerres anglo-néerlandaises, une équipe scientifique de la Royal Geographic Society se dirige vers la péninsule du Yucatan. Leur mission ? Retrouver et capturer le Cerbère des Dieux, une mythique créature gigantesque qui doit leur assurer la victoire totale. Poursuivie par les hommes du pirate Mancini, confrontée aux indigènes hostiles, l’expédition ne sera pas sans risques ni périls ! Écrite par David Munoz, cette série d’aventure maritime fantastique est sublimée par le dessin nerveux de Tirso, un dessinateur issu de la dynamique école espagnole.

Traqueurs T1 (couverture et pages 9 et 15) : le héros et la créature (Glénat 2017)

Paru en juin 2017, « Traqueurs T1 : L’Arme perdue des dieux » mettait le lecteur dans les pas du jeune héros : après la mort de son père, le candide botaniste Jonas accompagne son oncle Lord Arthur Bennet dans une périlleuse expédition en Nouvelle-Espagne, à la recherche d’un monstre issu des légendes aztèques. Attirant bien des convoitises en dépit de sa dangerosité pour l’ensemble du genre humain, la créature est surtout perçue comme un enjeu stratégique majeur pour chaque camp. Une arme ultime (quelques siècles avant la bombe atomique !) permettant aussi de garantir la paix… Naturellement, les compétences de Jonas et ses étranges dons ne seront pas inutiles au cours de l’aventure, alors que les eaux des Caraibes sont envahies de pirates et de mercenaires. Tombé amoureux de la belle Mara, fiancée au redoutable capitaine Rodrigo Toledano, Jonas risque par ailleurs d’y laisser plus que son honneur.

Le destin de Mara (extrait du tome 2, planches 1 et 2, Glénat 2018)

Entre 1652 et 1784, pas moins de quatre guerres successives s’enchaînent, avec pour principal enjeu la maîtrise par l’Angleterre des principales routes commerciales maritimes, sur lesquelles la Hollande et la Zélande exerçaient pour l’instant une nette domination. Rebaptisée du nom de Royal Navy par Charles II en 1660, la flotte de guerre britannique aura heureusement profité dès 1640 d’un important effort de modernisation : grâce aux actes promulgués par Cromwell, celle-ci est en effet passée de 35 à 154 vaisseaux. Après 1700, grâce au financement des emprunts d’état, cette flotte totalisera 272 navires : une force essentielle alors même que l’Angleterre pouvait se concentrer sur l’obtention de sa supériorité navale sans trop se préoccuper de sa défense contre un envahisseur terrestre, à la différence des autres nations européennes.

Ce cadrage historique fournit un appréciable décor à une série qui, telles les sagas « Pirates des Caraïbes » (5 films entre 2003 et 2017), « Long John Silver » (3 titres de 2007 à 2010 par Xavier Dorison et Mathieu Lauffray) ou « Conquistador » (4 albums de 2012 à 2015 par Jean Dufaux et Philippe Xavier), n’oublie ni l’action grand spectacle ni l’aspect onirique et lovecraftien propre au retour des Grands Anciens. Amplement séquencés, les deux albums parus dévoilent une narration sans temps morts, alternant phases dialoguées et cadrages plus rythmés, alors sans dialogues ni récitatifs. Citons enfin ces cases-planches ou doubles planches ouvrant sur les étendues marines, la jungle ou la créature pourchassée, dévoilant les abysses du monde connu… ou les mystères d’une terra incognita : les « Traqueurs » deviendront-ils les traqués ?

Ex-libris annonçant la série lors du Festival d'Amiens... en 2013 !

Philippe TOMBLAINE

« Traqueurs T2 : L’Héritage de sang » par Tirso et David Munoz
Éditions Glénat (14,50 €) – ISBN : 978-2-344-02176-7

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