On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...« Made in Abyss » T1 par Tsukushi Akihito
Ne vous fiez pas à ses personnages enfantins à la bouille toute ronde, « Made in Abyss » est un manga beaucoup plus sombre que ce que l’on pourrait imaginer. C’est dans une île, là où se situe maintenant la cité d’Orse, qu’il y a presque deux siècles, a été découverte une crevasse bien mystérieuse. Elle est devenue une source de richesse, pour les plus aventureux, ou de malheurs pour d’autres intrépides qui y ont, pour certains, laissé la vie. C’est ainsi que quelques enfants de la ville sont devenus orphelins, comme, Rico, l’héroïne de cette histoire.
Il y a 1 900 ans, sur une planète fictive, un gouffre fut découvert sur une île isolée. Celui-ci émet un champ de force extrêmement puissant et ses abysses sont encore inexplorés. Ce n’est pas faute d’avoir lancé de nombreux aventuriers à la conquête des trésors enfouis dans ce trou béant. Si les premiers niveaux sont accessibles assez facilement, dès qu’il faut accéder aux strates inférieures, les caverniers sont pris de nausée, doivent combattre des monstres de plus en plus féroces et c’est la folie puis la mort qui les attend au fond.
La mère de Rico a fait partir des plus audacieux explorateurs qui ont tenté de titiller le fond de l’abysse. Aujourd’hui, elle est disparue, mais sa fille ne perd pas espoir. Elle fait tout son possible pour franchir les étapes qui feront d’elle un sifflet blanc, la plus haute distinction pour un cavernier, et surtout un laisser passer complet pour les entrailles de ce trou béant. Aujourd’hui, elle n’est que sifflet rouge, le premier grade dans la hiérarchie de l’école la formant à la récupération des artefacts disséminés dans ce gouffre.
Afin de pimenter l’histoire, l’héroïne, Rico, est bien évidemment une tête brûlée. Ses camarades sont bien plus réfléchis qu’elle, mais elle a une excuse, la disparition de sa mère qui l’obsède. Son destin va changer quand elle va rencontrer, au sein de l’abysse, un petit garçon robotisé qui a perdu la mémoire et qu’elle prénommera Légu. Ensemble, ils vont bien évidemment tenter de descendre au fond du trou, l’un en quête de sa mère, l’autre en quête de son identité.
La première chose que l’on remarque en ouvrant « Made in Abyss », ce sont ces pages grises. Ici, le blanc n’a le droit d’apparaître que dans les bulles et le noir sert à souligner les cases. Tous les pages sont en gris plus ou moins intense. Pas de trames comme dans un manga classique, mais un dessin au crayon rehaussé de lavis sur un papier texturé gris clair. Cette spontanéité du dessin donne un aspect apaisant et naturel aux pages. Rien n’est bien défini, les traits sont ouverts et les personnages se détachent assez peu sur un décor souvent minimaliste. Du coup, cette édition plus grande que les mangas traditionnels permet de bien apprécier la diversité des cases.
Cette série, qui compte déjà six volumes au Japon est la première de Tsukushi Akihito, un artiste qui œuvre plutôt dans le domaine du jeu vidéo. Le succès ayant été au rendez-vous, une série d’animation de treize épisodes a été réalisée et est disponible en France en streaming sur Wakanim.tv. L’animé vient d’ailleurs d’être renouvelé pour une seconde saison. Le graphisme, plus lisse, conserve néanmoins la patte de Tsukushi Akihito, avec ses personnages enfantins caractéristiques. L’histoire a été légèrement remaniée pour mieux suivre une trame linéaire plus compréhensible en fonction de la chronologie des épisodes. Bien évidemment, les couleurs respectent les travaux d’illustration de l’auteur qui est partie prenante dans l’adaptation pour le petit écran.
Si ce premier volume nous fait plus découvrir la vie avant le grand plongeon, les suivants devraient offrir leur lot de mystères et nous emmener dans les profondeurs de l’abysse. Une série envoûtante et extrêmement mignonne. À noter, qu’une carte de l’abysse pliée en début de ce premier volume ne sera pas compris dans les futures rééditions. Tsukushi Akihito signe ici une œuvre particulièrement esthétique. En plus d’un voyage dans les profondeurs inconnues de ce monde imaginaire, c’est une balade envoûtante et parfois dangereuse, mais extrêmement bien illustrée et aux nuances subtiles.
Gwenaël JACQUET
« Made in Abyss » T1 par Tsukushi Akihito
Éditions Ototo (8,99 €) – 978-2-37717-117-0
MADE IN ABYSS © Akihito Tsukushi / TAKE SHOBO 2013