Excepté le portrait proposé en 1724 dans le récit « A General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates » écrit par le capitaine Charles Johnson — peut-être un pseudonyme de Daniel Defoe —, on sait peu de choses sur la vraie Anne Bonny (ou Bonney). Née de l’imagination fertile d’un écrivain ou véritable femme pirate ? Le personnage de femme éprise de liberté proposé par Franck Bonnet est fascinant. Faisant d’Anne Bonny la plus grande femme pirate de l’histoire, l’auteur opte pour une grande épopée maritime. Un diptyque passionnant entre légende et réalité.
Lire la suite...« Florida » par Jean Dytar
Après les miniatures persanes de la fin du XVe siècle (« Le Sourire des marionnettes ») et les débuts de la perspective dans la peinture vénitienne de la Renaissance (« La Vision de Bachhus »), Jean Dytar (1), par ailleurs, professeur d’art plastique à Lyon, s’intéresse, cette fois-ci, à une autre représentation imagière : la cartographie, laquelle était en plein développement en cette deuxième partie du XVIe siècle où il situe son nouveau roman graphique qui comporte pratiquement 250 pages mêlant, avec délicatesse, émotions intimes et grandes découvertes historiques.
Dans le contexte dramatique des guerres de Religion, ce singulier et talentueux auteur, nous relate donc, avec toujours le même souci de précision documentaire et la même subtilité humaniste, le parcours de Jacques Le Moyne : authentique illustrateur et cartographe, projeté malgré lui dans les tentatives d’expansions colonialistes françaises, notamment dans l’une de celles menées en Floride par les huguenots (alors persécutés, ils étaient à la recherche d’un territoire refuge pour s’établir), qui se solda par un échec cuisant.
Alors que ses amis anglais ne ménagent pas leurs efforts pour le convaincre de participer à une nouvelle expédition, cet homme taciturne et replié sur lui-même, qui s’est réfugié avec sa famille, à Londres, pour échapper aux percussions catholiques, n’évoque jamais sa traumatisante expérience passée dans les territoires du Nouveau Monde. Pas même, du moins dans un premier temps, à son épouse, Éléonore : une femme qui, après s’être occupée pendant de longues années de son mari et de ses filles, a, de son côté, la volonté de s’émanciper en essayant de contribuer, à sa façon, au travail de son époux.
Cet exceptionnel récit psychologique, fort bien écrit et qui joue habilement sur les couleurs, les tons, les mises en scène et les ambiances, s’appuie sur un fond historique peu connu afin de dresser une véritable cartographie de l’âme humaine : ses rêves, ses espoirs, ses expériences et ses souffrances…
(1) Sur Jean Dytar, voir sur BDzoom.com : « La Vision de Bacchus » par Jean Dytar, « La Vision de Bacchus », 11e Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique !, Entretien avec Jean Dytar, auteur de « La Vision de Bacchus » et « Le Sourire des marionnettes » et « La Vision de Bacchus » exposée à Blois.
Éditions Delcourt (29,95 €) — ISBN 978-2-413-00978-8
Sans exagérer, ce monsieur Dytar vient de réaliser son troisième bijou, une oeuvre dense, originale, un régal pour les yeux et l’esprit. Trois albums, trois parfaites réussites !