RENCONTRE AVEC MARTIN VEYRON

En 1971, le créateur de Bernard Lermite commet ses premières planches dans l’Echo des Savanes. En 2002, Martin Veyron sévit toujours. Avec justesse et efficacité.

Monsieur le Président, félicitations pour votre Grand Prix! Au fait, ça vous a fait quoi, cette récompense ?

Au moment où on la reçoit, cela fait très plaisir. Mais même si l’on est élu Président du Monde, on doit être très excité durant quelques jours, et puis je crois qu’on s’y fait vite…

 

Comment percevez-vous votre rôle de président du jury ?

 

On m’a expliqué que le président n’est pas celui qui organise, mais celui qui donne le ton, délivre quelques messages. Si je devais n’en faire passer qu’un, ce serait que la bande dessinée n’est pas un genre, mais un médium où coexistent plein de genres. Comme pour la littérature, où l’on trouve à la fois du polar et de la SF.

 

Ça, tout le monde le sait, non ?

 

Parmi les fans de BD, oui. Mais le grand public ne connaît que celle qu’il lisait étant petit. Alors que bien des auteurs font des choses très contemporaines, vraiment intéressantes. C’est comme pour tout média. Mais si la littérature et le cinéma ont beaucoup évolué, la BD semble marquer le pas. En dehors d’une BD marginale qui « travaille » réellement, les autres font de la série, de la production.

 

De quels auteurs vous sentez-vous le plus proche ?

 

J’aime tous les contemporains, ceux qui parlent d’aujourd’hui, de civilisation, de moeurs… et qui sont drôles.

 

Allez, des noms !

 

Je suis fan de René Pétillon ou de Claire Brétécher, que je trouve très rigolos

 

Rigolos, mais aussi satyriques.

 

C’est ce que l’on dit. Mais si l’on transpose cela dans d’autres médias, on n’emploie plus ce terme. Personne ne dit à propos de Woody Allen qu’il est satyrique !

 

Moi, je n’éprouve pas le sentiment de me moquer du monde. Je crée des personnages qui ne sont pas très différents de ceux de la vie réelle.

 

Votre truc, ce serait plutôt la bande dessinée sociologique ?

 

Oui, mais avec pour objectif d’amuser les gens. Parce que, bon, on n’apprend rien en lisant ce genre de BD…

 

Vous brossez un portrait acerbe de la bourgeoisie, le milieu dont vous êtes issu. Rejet ou autodérision ?

 

Pour moi, la vraie bourgeoisie, c’est celle où les choses ne bougent pas beaucoup depuis des générations. Ils sont fiers de ce qu’ils appellent leurs « racines ».Moi, ce que je vois et raconte, ce serait plutôt Paris. Mon métier me place dans un certain milieu, c’est ce milieu-là que je dépeins. Des gens qui ont un métier marrant, un peu intellos, dans la culture… mais ils pourraient aussi bien être New­Yorkais ou Berlinois! Seul Bernard Lermite est d’un milieu très bourgeois, même si on voit rarement sa famille.

 

A propqs de Bernard Lermite, qui était votre principal personnage, paurquoi avoir mis fin à ses jours après sept albums ?

 

Quand j’ai arrêté Bernard Lermite, c’était la crise en France Parce qu’au fond, Bernard Lermite, c’est vous ?

 

Au départ, c’était le rêve, c’est sûr. Je savais qu’il ne me serait jamais offert de vivre ainsi. Mais si dans d’autres milieux, en d’autres temps, on m’avait dit « Tu n’as pas besoin de travailler », j’aurais béni le ciel ! Après l’arrêt des Bernard Lermite, c’est le trou jusqu’en 1998 avec Cru Bourgeois.

 

Un problème d’inspiration ?

 

L’inspiration, j’en avais dans d’autres médias Avec René Pétillon ou Jean-Claude Denis, nous étions quelques-uns à nous deman­der si nous étions dans le bon médium.

 

Les lecteurs intelligents auraient donc déserté la BO ?

 

Je le pense toujours. Quand j’ai commencé, la bande dessinée était très à la mode. Les gens allaient à La Hune Pire: ça me vexe !

 

D’où votre bifurcation à l’époque vers d’autres horizons ?

 

C’est vrai, je suis allé voir la télé, la presse… Je voulais toucher un autre public. Quand on fait de la presse, tout le monde le voit.Tandis que lorsqu’on fait de la BD, il faut arriver à faire savoir que l’on a sorti un album. La télé ne nous aide pas, la presse généraliste non plus, c’est vraiment le ghetto.

 

Mais dans la presse, vous êtes plus expo­sé à la censure, comme l’illustre votre expérience au quotidien Info Matin ont Martin Veyron a été licencié suite au fameux dessin « Sida: on perd les pédales », ndlr~..

 

En effet! Je me suis rendu compte à cette occasion que la censure était bel et bien présente dans la presse. Dans la BD, je n’a­vais jamais vu ça. Prenez Vuillemin : sa liberté de ton est totale, et c’est vachement bien! Une liberté dont ne jouit pas un jour­naliste, par exemple…

 

Les accusations d’homophobie qui ont suivi vous ont blessé ?

 

Non, parce qu’elles n’émanaient que d’une seule personne. Et les gays eux-mêmes m’ont défendu

 

Ah bon?

 

Le rédacteur en chef de l’époque m’avait prévenu qu’André Rousselet Au final, vous avez repris le collier dans la bande dessinée.

 

Ben, oui… Je me suis rendu compte que la BD, c’était quand même mon univers. C’est grâce à elle que je suis devenu célèbre, avec elle que j’ai commencé à gagner ma vie. Je n’ai pas pu me résoudre à déserter. Ce qu’il y a de bien avec la bande dessinée, c’est que t’on reste maître de ses choix artistiques. Mais attention, je ne suis pas un puritain. Il y a une dimension érotique dans tous mes albums. Je trouve amusan­tes les relations sexuelles et tout ce qui tourne autour, la séduction, les rapports hommes-femmes…

 

A ce propos, vous êtes dur avec les hommes! Dans vos albums, ils sont toujours un peu pitoyables, non ?

 

Au début, je brossais ce type de rapports pour faire rire, et puis c’est devenu une réalité! L’écrivain britannique Doris Lessing a fait le même constat cet été en déclarant « Les hommes devraient cesser de s’excuser d’être des hommes », nd Ir. Bien sûr, ce n’est pas le cas dans tous les couples,

 

il y a encore beaucoup de femmes tabas­sées. Mais je vois autour de moi des mecs qui en prennent aussi plein la gueule.

 

Dans le milieu que vous dépeignez,en effet…

 

… on rencontre des femmes égoïstes, nombrilistes, qui font tout pour que le monde tourne dans le sens qu’elles ont choisi. Elles ont tout pour gagner. Elles ont ce dont on a besoin, et je ne suis pas sûr que la réciproque soit vraie. Je trouve ce côté « moi d’abord » exacerbé très déplai­sant. J’ai d’ailleurs l’intention de faire quelque chose sur ces femmes-Ià…

 

Après l’homophobie, la misogynie ?

 

J’espère avoir démontré par le passé que je n’étais pas misogyne. Mais de toute façon, quoi qu’on fasse, il y a toujours des gens mécontents,différents de ceux de la vie réelle.

 

Votre truc, ce serait plutôt la bande dessinée sociologique ?

 

Oui, mais avec pour objectif d’amuser les gens. Parce que, bon, on n’apprend rien en lisant ce genre de BD…

 

Vous brossez un portrait acerbe de la bourgeoisie, le milieu dont vous êtes issu. Rejet ou autodérision ?

 

Pour moi, la vraie bourgeoisie, c’est celle où les choses ne bougent pas beaucoup depuis des générations. Ils sont fier de ce qu’ils appellent leurs « racines ».Moi, ce que je vois et raconte, ce serait plutôt Paris. Mon métier me place dans un certain milieu, c’est ce milieu-là que je dépeins. Des gens qui ont un métier marrant, un peu intellos, dans la culture… mais ils pourraient aussi bien être New­Yorkais ou Berlinois! Seul Bernard Lermite est d’un milieu très bourgeois, même si on voit rarement sa famille.

 

A propos de Bernard Lermite, qui était votre principal personnage, paurquoi avoir mis fin à ses jours après sept albums ?

 

Quand j’ai arrêté Bernard Lermite, c’était la crise en France Parce qu’au fond, Bernard Lermite, c’est vous ?

 

Au départ, c’était le rêve, c’est sûr. Je savais qu’il ne me serait jamais offert de vivre ainsi. Mais si dans d’autres milieux, en d’autres temps, on m’avait dit « Tu n’as pas besoin de travailler », j’aurais béni le ciel ! Après l’a »êt des Bernard Lermite, c’est le trou jusqu’en 1998 avec Cru Bourgeois.

 

Un problème d’inspiration ?

 

L’inspiration, j’en avais dans d’autres médias Avec René Pétillon ou Jean-Claude Denis, nous étions quelques-uns à nous deman­der si nous étions dans le bon médium.

 

Les lecteurs intelligents auraient donc déserté la BD ?

 

Je le pense toujours. Quand j’ai commencé, la bande dessinée était très à la mode. Les gens allaient à La Hune Pire: ça me vexe !

 

D’ où votre bifurcation à l’époque vers d’autres horizons ?

 

C’est vrai, je suis allé voir la télé, la presse… Je voulais toucher un autre public. Quand on fait de la presse, tout le monde le voit.

 

Tandis que lorsqu’on fait de la BD, il faut arriver à faire savoir que l’on a sorti un album. La télé ne nous aide pas, la presse généraliste non plus, c’est vraiment le ghetto.

 

Mais dans la presse, vous êtes plus expo­sé à la censure, comme l’illustre votre expérience au quotidien Info Matin ont Martin Veyron a été licencié suite au fameux dessin « Sida: on perd les pédales », ndlr~..

 

En effet! Je me suis rendu compte à cette occasion que la censure était bel et bien présente dans la presse. Dans la BD, je n’a­vais jamais vu ça. Prenez Vuillemin : sa liberté de ton est totale, et c’est vachement bien! Une liberté dont ne jouit pas un jour­naliste, par exemple…

 

Les accusations d’homophobie qui ont suivi vous ont blessé ?

 

Non, parce qu’elles n’émanaient que d’une seule personne. Et les gays eux-mêmes m’ont défendu

 

Ah bon?

 

Le rédacteur en chef de l’époque m’avait prévenu qu’André Rousselet Au final, vous avez repris le collier dans la bande dessinée.

 

Ben, oui… Je me suis rendu compte que la BD, c’était quand même mon univers. C’est grâce à elle que je suis devenu célèbre, avec elle que j’ai commencé à gagner ma vie. Je n’ai pas pu me résoudre à déserter. Ce qu’il y a de bien avec la bande dessinée, c’est que t’on reste maître de ses choix artistiques. Mais attention, je ne suis pas un puritain. Il y a une dimension érotique dans tous mes albums. Je trouve amusan­tes les relations sexuelles et tout ce qui tourne autour, la séduction, les rapports hommes-femmes…

 

A ce propos, vous êtes dur avec les hommes! Dans vos albums, ils sont toujours un peu pitoyables, non ?

 

Au début, je brossais ce type de rapports pour faire rire, et puis c’est devenu une réalité! L’écrivain britannique Doris Lessing a fait le même constat cet été en déclarant « Les hommes devraient cesser de s’excuser d’être des hommes », nd Ir. Bien sûr, ce n’est pas le cas dans tous les couples, il y a encore beaucoup de femmes tabas­sées. Mais je vois autour de moi des mecs qui en prennent aussi plein la gueule.

 

Dans le milieu que vous dépeignez,en effet…

 

… on rencontre des femmes égoïstes, nombrilistes, qui font tout pour que le monde tourne dans le sens qu’elles ont choisi. Elles ont tout pour gagner. Elles ont ce dont on a besoin, et je ne suis pas sûr que la réciproque soit vraie. Je trouve ce côté « moi d’abord » exacerbé très déplai­sant. J’ai d’ailleurs l’intention de faire quelque chose sur ces femmes-Ià…

 

Après l’homophobie, la misogynie ?

 

J’espère avoir démontré par le passé que je n’étais pas misogyne. Mais de toute façon, quoi qu’on fasse, il y a toujours des gens mécontents. .

 

 

Albin Michel

 

 

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