Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Une interview inédite d’André Franquin à propos du Marsupilami !
A propos du Marsupilami… ses origines, ses talents, son avenir ! Le 8 juin 2002, un nouvel album du Marsupilami, entièrement composé de planches signées d’André Franquin, verra le jour. Bdzoom vous prosose aujourd’hui une interview totalement exclusive et inédite réalisée à l’occasion de la sortie, en 1988, de l’album : « Le Bébé du bout du monde » dans laquelle Franquin nous confiait quelques secrets…
YK : A partir de quelle idée avez-vous créé le Marsupilami dans Spirou et les héritiers en 1952 ?
AF : Le point de départ ce fut un livre de Bernard Heuvelmans qui m’avait beaucoup amusé : l’auteur passait en revue les animaux légendaires du monde entier – l’abominable Homme des Neiges, par exemple – . Il affirmait que certains de ces animaux existaient vraiment et qu’on en découvrirait encore. C’était vrai, j’en ai découvert un : le Marsupilami.
YK : Vous avez accordé de nombreux « pouvoirs » au Marsupilami, entre autres la parole dans Les Pirates du silence, pourquoi la lui avoir retirée par la suite ?
AF : J’avais prévu qu’à chaque épisode se révélerait un pouvoir du Marsupilami : il fut amphibie, il peut se déplacer sous terre à la façon d’une taupe ; depuis des générations les marsupilamis pratiquent la vannerie pour construire leur nid. Certains oiseaux le font bien. Et puis s’ils connaissent les nœuds mieux qu’un vieux marin, c’est à force de dénouer interminablement les queues des jeunes tout petits qui furent dans le nid. Faire parler le Marsu fut une erreur.
Mais je n’ai pas encore trouvé à quoi lui sert son nombril – qui n’en est pas un puisqu’il est ovipare -. Il doit y avoir là un organe mystérieux et je suis curieux de savoir quel rôle peut bien jouer ce petit trou circulaire…
YK : Le personnage du Marsupilami est resté longtemps absent. Après sa disparition des aventures de Spirou et Fantasio, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de le hisser au rang de héros ?
AF : Très occupé par Gaston Lagaffe, je n’ai, pendant toutes ces années, dessiné que trois petits épisodes où le Marsupilami jouait un rôle. En abandonnant Spirou et Fantasio, j’avais désuni une équipe qui fonctionnait bien. Et puis, je croyais qu’à la suite de cette longue absence le personnage était oublié.
L’enthousiasme contagieux d’un jeune éditeur me prouva le contraire. Puis il y eut la rencontre d’un jeune dessinateur talentueux, et je me suis retrouvé dans la forêt de Palombie.
YK : Le chasseur Bring M. Backalive avait déjà eu maille à partir avec le Marsupilami ?
AF : Oui, Bring M. Backalive est chasseur de marsupilamis. Je doute qu’il arrive jamais à ses fins, mais comme il est tétu peut-être le reverra-t-on pour un nouvel échec ? Les ennemis du Marsupilami doivent avoir un moral à toute épreuve : le jaguar n’a jamais mangé du marsupilami alors que celui-ci devrait être logiquement sa proie dans l’échelle des « qui mange qui » dans la grande forêt.
YK : Nous avons affaire aujourd’hui au Marsupilami jadis filmé par Seccotine dans Le Nid des Marsupilamis. Que devient celui qui fut le compagnon de Spirou et Fantasio ?
 AF : Je doute que le lecteur se pose cette question pourtant très logique. Disons que c’est une licence poétique. Il est possible qu’appariasse, dans le prochain album, deux marsupilamis adultes…
YK : Quelle est l’importance des nouveaux personnages dans le dernier album ?
AF : Notre BD cherche à faire rire, à faire plaisir. Ce sont donc les réactions des lecteurs qui font l’importance et la durée de chaque personnage.
Pour cet épisode-ci, Batem et moi avons animé un petit compagnon de la famille Marsupilami : l’oiseau Tignass qui lui aussi a des dons étonnants, et un handicap : il est si petit que les lecteurs risquent de ne pas le voir dans l’image.
YK : Pensez-vous un jour poursuivre les aventures du Marsupilami hors de la forêt palombienne ?
AF : Oui, car nous craignons la monotonie. Nous allons tout d’abord varier le décor dans la forêt et dans les environs. Et puis, le Marsupilami a prouvé qu’il pouvait voyager.
Il est un plaisir que nous partageons avec certains romanciers : nous ne savons pas où nous mènerons nos personnages. C’est un cliché mais il est vrai : c’est d’abord à nous même que nous racontons des histoires.
YK : Vous avez souvent déclaré que le Marsupilami vous était très cher, parlez-nous de cette tendresse.
AF : Les auteurs de BD ont en effet de la tendresse pour certains de leurs personnages. Pacôme Adilard Ladislas comte de Champignac me manque encore et pour longtemps.
Pour moi, le Marsupilami c’est la liberté, l’instinct, la force, mais il a aussi – toujours pour moi – le charme que les enfants trouvent au Teddy en peluche.
YK : Peut-on parler des prochaines aventures de ces délicieux petits animaux ?
AF : Ce second album se termine sur un mystère « on devine une présence dans la grande forêt ».
La vocation du Marsupilami est d’accompagner des humains sympathiques auxquels il s’attache sentimentalement, et qui l’adorent.
Interview du 30 juin 1988.
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Le Guide rapide et pratique du Marsupilami
Rappelons que, édités par MARSU Productions, les deux premiers albums ont été écrits par le regretté Michel Greg, les albums du 3 au 9 par Yann, le 10 et le 11 par Fauche et Adam, le 12 par Batem lui-même, le 13 par Kaminka et Marais, et, enfin, le 14eme – paru en juin 2000 – par Bouquardez et Saive… nous ignorons encore qui sera le, ou les, suivants. Outre Franquin que tous les amateurs connaissent particulièrement bien, rappelons que le dessinateur, unique depuis déjà longtemps, des aventures du Marsupilami se nomme Batem, de son vrai nom Luc Collin, et qu’il est né le 6 avril 1960 à Kamina, dans l’ex-Congo Belge.
Pour en savoir plus sur cet animal fabuleux, vous pouvez, sur internet, consulter Marsupilami.com qui vous propose, entre autres informations, un dessin inédit le plus fréquemment possible (curieusement, nous avons cherché la liste des albums… sans la trouver !)
D’autre part, nous vous renvoyons tout spécialement à L’Encyclopédie du Marsupilami édité par Marsu Productions en 1991, un ouvrage contenant des dessins de Franquin, Batem, Adam, Closter et des textes de Cambier et Verhoest.
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