Spirou : 80 ans…

C’est le 24 avril 1938 que l’e magazine Spirou a débarqué. Une modeste feuille de 16 pages qui est, aujourd’hui, le seul hebdomadaire lancé avant-guerre à paraître encore, avec Le Journal de Mickey. Un tel évènement éditorial méritait bien un numéro spécial … Hélas, il laisse un peu sur la faim les lecteurs, du moins ceux qui espéraient qu’il sente plus le vieux papier…

La double page de couverture signée Émile Bravo et montrant la population belge, dont Spirou et Fantasio, fuyant l’invasion nazie, laisse espérer un beau numéro anniversaire gentiment nostalgique. Hé bien, il n’en est rien et on retrouve un Spirou dans la continuité des précédents ! Pas une ligne sur les grandes séries du passé ni sur les auteurs prestigieux qui se sont succédés dans l’hebdomadaire. Même Bernard Dolcevita, notre vieux copain d’« Animal Lecteur » et sa BD Boutik si justement croqués par Sergio Salma et Libon ont définitivement fermé le rideau de fer, chassés par « Boni le lapin » (bof) du Canadien Ian Fortin.

Trois belles nouveautés nous consolent : le premier épisode d’une série de trois, consacrés par Émile Bravo au personnage de Spirou sous l’occupation. Une trilogie qui devrait compter plus de 300 pages qui feront date dans l’histoire du personnage. Les vingt premières pages – sublimes ! – sont proposées dans ce numéro. Le retour de « Seuls » de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, avec  le onzième épisode (« Les Cloueurs de nuit »), confirme qu’il n’y a rien de mieux qu’une bonne BD, même si la version cinéma était plutôt réussie. Enfin, voilà le quatrième épisode de la nouvelle série qui monte : « Frnck » de Olivier Bocquet et Brice Cossu. Un succès mérité tant au niveau de l’intrigue originale que du dessin soigné. Mis à part le peu convaincant « Colorine » de Zidrou et Lucy Mazel, l’ensemble de ce spécial est de qualité : « Dad » de Nob, « Les Campbell » de Munuera, « Tamara » de Lou et Darasse, « L’Agent 212 » de Cauvin et Kox, « Imbattable » de Jousselin… L’absence des traditionnels récits complets spécialement conçus pour l’occasion se fait pourtant ressentir, même si on comprend qu’économiquement il vaut mieux publier des pages qui seront ensuite proposées en albums.

Selon la rumeur, sous l’impulsion de sa nouvelle rédactrice en chef, ce Spirou octogénaire devrait changer de maquette, ouvrir ses pages à de nouvelles créations, proposer de nouvelles rubriques. Attention de ne pas en faire trop : le lectorat de Spirou est nostalgique, sans pour autant bouder les innovations qui conservent l’esprit Spirou ; mais il ne faut pas franchir des limites que les changements de ces dernières semaines font redouter. Spirou ami partout, ami toujours ! , comme disait ce bon vieux Fureteur.

Henri FILIPPINI

Spirou n° 4175, 100 pages en couleurs (2,90 €), en kiosques.

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3 réponses à Spirou : 80 ans…

  1. JC LEBOURDAIS dit :

    Je serais curieux de savoir dans le lectorat de Spirou, la proportion de vieux de la vieille qui l’achètent par nostalgie (ou pour avoir la série complète) et de jeunes lecteurs qui ont vraiment l’âge-cible de la publication. Existe-t-il des analyses sur le sujet ?

  2. Olivier Northern Son dit :

    A 50 ans demain, je suis sans-doute classé dans les lecteurs nostalgiques mais ma fille d’11 ans fait la course avec moi pour le lire. Dans sa version actuelle (enfin, celle d’il y a quelques semaines) le journal est/était parfait, très bien équilibré.
    J’avoue avoir un peu peur des changements en cours.

    Je suis un admirateur inconditionnel d’Emile Bravo (lisez son Spirou et aussi son Jules!) mais la couverture est bien étrange pour un anniversaire. Espérons qu’elle ne sera pas le symbole d’une nouvelle déroute…

  3. Lili dit :

    Bonjour,
    je lis Spirou depuis une bonne dizaine d’années et personnellement je trouve la présente critique très subjective. A la maison nous avons apprécié l’histoire de Colorine, trouvons presque bienvenue l’absence inattendue de long récit qui semblerait sinon le passage obligé, nous avons retiré à Seuls ses lettres de noblesse, l’histoire nous semblant de plus en plus aléatoire, branlante et lente à la fois.
    Frnck, à voir, mais la suite semble bien prévisible et tristounette, histoire ni fantastique, palpitante ou amusante, peut-être pour plus jeune public.
    Boni au contraire nous semble apporter juste ce qu’il revendique, à l’instar de Nelson ou Game Over (on aime ou pas).
    Animal Lecteur est cependant bien regretté.
    Bonne journée à vous!

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