Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...« Redneck T1 » par Lisandro Estherren et Donny Cates (et deux autres thrillers Delcourt)
Peut-on encore faire du bon récit vampirique en 2018 ? Ces deux nouveaux auteurs le prouvent avec une plongée attrayante et sombre dans une famille de Rednecks de Sulphur Springs au Texas, pas vraiment comme les autres.
La famille Bowman a vécu pas mal d’années à mordre des cous et à faire la bamboula. Mais cette période d’insouciance est finie et le patriarche, ses deux fils, la petite Perry et leur pote Bartlett, vampires de leur état, s’occupent dorénavant d’une grilladerie. Un deal avec deux humains, des « familiers », leur permet en effet de se nourrir discrètement du sang des vaches qu’ils élèvent dans leur ferme, tandis que ces deux « amis » s’occupent de la vente et du rôtissage. Un façon de faire profil bas qui ne plaît pas du tout au grand-père Bowman, vieille créature vampirique sèche et handicapée, planquée au grenier. Celle-ci risque bien de mettre le feu aux poudres…
Si Donny Cates n’est pas encore bien connu comme scénariste en France, son collègue n’a lui qu’un seul album à son actif : le thriller « The Last Contract » chez Ankama. Un auteur argentin dont le dessin fin pourra rappeler celui d’auteurs espagnols, comme Jordi Bernet, ou américains, comme Alex Toth ou Paul Azaceta (lui-même influencé par Toth). La colorisation, assurée par Dee Cunniffe est agréable et rend bien les ambiances malsaines.
Cette immersion dans une famille en milieu rural, confrontée à des méchants urbains, n’est pas sans rappeler le « Black Hammer » de Jeff Lemire, mais la touche horrifique et thriller maitrisée, à la « American Vampire », propose néanmoins une version plus sanglante de la relation entre voisin que le récit poétique et étrange de l’auteur canadien. On pense aussi un peu au comic book de Jessica Abel et Warren Pleece : «Life Sucks » (« Ouvert la nuit » Dargaud 2008) ou au film « Twilight » qui aurait été révisé par des auteurs de « Doggy Bags ». Donny Cates marche assez clairement dans les pas de Scott Snyder, en n’essayant même pas d’inclure un peu d’humour potache dans son récit. La description de la famille Bowman est réaliste, dure et plutôt dépourvue d’espoir, mais on s’attache tout de même aux personnages, assez sympathiques. Ce premier tome devrait donc convaincre les amateurs de thrillers et de récits à base horrifique.
Très plaisant et donc à suivre, au moins sur le tome deux.
Franck GUIGUE
« Redneck T1 » par Lisandro Estherren et Donny Cates
Éditions Delcourt (15,95 €) – ISBN : 978-2413007029
Images de Redneck : © & TM 2017 Donny Cates, Lisandro Estherren, Dee Cunniffe. Tous droits réservés. [2018] Éditions Delcourt pour la version française.
C’est la rentrée comics chez Delcourt depuis le début de l’année, avec tellement de bons titres que l’on profitera de cette chronique pour évoquer ces deux albums remarquables parus fin janvier et début février :
« Kill Or Be Killed » par Sean Phillips et Ed Brubaker
propose une nouvelle série assez sombre et ultra réaliste, comme sait si bien le faire Ed Brubaker.
Dylan est un jeune américain qui a raté son année de Prépa et essaie de trouver sa place dans la société. Il partage un appartement avec une copine dont il est amoureux mais qui sort cependant avec son meilleur ami. Un soir, alors qu’il pense avoir raté son suicide, il est visité par un démon qui lui fait le marché suivant : une vie contre la sienne, chaque mois. Mais Dylan est-il vraiment sous l’emprise de forces démoniaques ? Il va néanmoins commencer sa macabre mission et Dieu seul sait où cela le mènera.
Ce tome 1 regroupe les quatre premiers numéros de cette série très bien écrite et magnifiquement dessinée, qui promet de nous tenir en haleine une fois de plus.
« Les Chroniques de Groomlake » par Ben Templesmith et Chris Ryall nous envoie, lui, du côté d’une science-fiction potache, mélangeant action, étrange et rigolade.
Karl Bauer vit mal depuis que son père a été enlevé, soit disant par des extra terrestres. Depuis son retour, ce dernier est changé et lui est resté fasciné par la zone 51, située à Groomlake dans le Nevada. Il va se retrouver pris au cÅ“ur d’une histoire rocambolesque où il est question de fabrication d’armes à partir de technologie extraterrestre. Cet album one shot signe le retour de Ben Templesmith et de son style graphique unique, dans un registre où on ne l’attendait pas. Cette histoire mettant en scène un petit homme gris qui fume la (les) clope(s) et part faire les quatre cent coups avec sa bande de losers pseudo scientifiques est assez cocasse et vaut le détour. On sent que les auteurs ont pris plaisir et se sont lâché à réaliser un comics pour le fun. Cela fait du bien, il faut l’avouer. Frais et rigolo. On reviendra sur Ben Templesmith très bientôt
« Kill or be Killed » par Sean Phillips et Ed Brubaker
Éditions Delcourt (16,50 €) – ISBN : 978-2-413-00236-9
« Les Chroniques de Groomlake » par Ben Templesmith et Chris Ryall
Éditions Delcourt (15,50 €) – ISBN : 978-2-413-00018-1