Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
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La bande dessinée pour adultes regagne régulièrement du terrain, après une longue période de vaches maigres. L’année commence bien, avec une nouvelle livraison de l’excellente revue coquine Blandice et la parution du second chapitre d’« Inguinis » de Katia Even et Nicolas Guénet.
Blandice, la revue des BD sans dessus ni dessous, propose un numéro 5 aussi varié et coquin que les précédents. La préhistoire sert de fil rouge à ce trimestriel, qui mêle articles et prépublications d’histoires à suivre, futurs albums des éditions Tabou. Suite des aventures d’Aïlina, la pulpeuse héroïne du « Peuple des brumes », la série féerique et sensuelle de Katia Even et Styloïde. Après « Cendrillon» et « Blanche Neige », Trif et Celestini s’attaquent à « La Belle et la Bête », version gentiment coquine des contes de notre enfance. De son côté, après avoir signé cinq albums torrides de « Mara », l’italien Cosimo Ferri adapte « Achille » ; un conte mythologique qui ne manque pas de jolies filles.
Emmanuel Murzeau (après le très beau triptyque des « Aphrodites », d’après Andréa de Nerciat) s’attaque avec originalité à un autre classique de la littérature érotique : « L’Académie des Dames « de Nicolas Chorier. Enfin, Renato Camilo et Al Rio présentent quelques pages sans parole de « Jungle fantasy », riches en « tarzanes » dénudées. Outre quelques pages d’un dossier très sérieux consacré à l’art préhistorique, le rédactionnel propose des entretiens avec Didier Cassegrain, Brice Cossu et Olivier Bocquet (« Frnck »), Kmixe (« Lady Rex ») et Emmanuel Roudier, sans oublier un intéressant tutoriel avec Jean-Marie Minguez (100 pages en couleurs, 6,50 €, en kiosque ou par téléchargement : www.blandice.fr).
Ceux qui ont apprécié le premier volume d’ « Inguinis » seront enchantés de retrouver les protagonistes de ce péplum au coeur de la Rome antique, imaginé par Katia Even et aux images sculpturales signées Nicolas Guénet (« Dédale », « Yu »). Artémis, jeune sculptrice d’origine grecque est la dernière de sa corporation à survivre après une série d’assassinats, dont celui de son père le célèbre sculpteur Nicomède. Tout en travaillant sur un nu commandé par Agrippa et destiné au Panthéon, elle enquête au péril de sa vie, bien décidée de confondre les assassins de son père. Le scénario aux multiples rebondissements est bien ficelé, conçu sur mesure pour permettre au dessinateur de proposer des séquences audacieuses en cinémascope, où les corps dénudés se mêlent. Audacieux, superbement mis en images, un régal pour lecteurs avertis (éditions Tabou, 48 pages en couleurs, 15 €, ISBN : 978 2 35954 131 1, www.tabou-editions.com).
Henri FILIPPINI