Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Interférences » par Jeanne Puchol et Laurent Galandon
Il y a déjà 40 ans, quelques jeunes passionnés indignés envahirent les ondes FM pour créer et animer des radios pirates de tout genre. C’est cette période fascinante, entre liberté d’expression et répression d’État, qu’évoquent avec réalisme et bienveillance Laurent Galandon et Jeanne Puchol.
Célébrée par le film « Good Morning England », la fameuse épopée de Radio Caroline est bien connue du monde entier. À partir de 1964, la radio pirate offshore britannique commence, en effet,  à émettre depuis un bateau dans les eaux internationales de la mer du Nord et couvre le territoire britannique, ainsi qu’un bout de la côte d’Opale. C’est là qu’en 1973, deux amis d’enfance en vacances, Alban et Pablo, découvrent, en draguant de jeunes anglaises, ce nouveau style de radio qui se veut « libre ». 5 ans plus tard, les jeunes hommes rencontrent Douglas, un ancien de Radio Caroline, dont la seule occupation semble être ses multiples conquêtes féminines et qui les aide à monter une station pirate nomade, pour leur permettre de passer leurs morceaux de rock favoris et donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais : clochards, prostituées ou immigrés victimes de violence, notamment policières…
Car en France, on vit encore alors sous « la république des copains et des coquins ». Le pouvoir giscardien a la main mise sur tous les systèmes d’information. La télévision n’est que publique et les fréquences grandes ondes de la radio sont réservées à une oligarchie de stations périphériques, qui diffusent principalement des variétés françaises, au grand dam de la jeunesse curieuse et militante. Il faudra attendre l’arrivée de François Mitterrand à la présidence de la République, en 1981, pour que les ondes FM soient enfin libérées.  Radio Nomade, au nom de circonstance, joue au chat et de la souris avec les autorités, dont le but est de brouiller la diffusion de la station pirate et d’arrêter les deux jeunes animateurs, rebaptisés Rackham et Beach pour la circonstance…
En évoquant les souvenirs d’un moment clé de notre Histoire culturelle, Laurent Galandon et Jeanne Puchol s’attachent également à retracer un destin humain, celui de deux amis passionnés par un projet commun et qui finiront par se séparer, motivés par des aspirations différentes. Fort d’un découpage dynamique, le récit bénéficie de la patte d’un scénariste maitrisant sa vocation sociale et politique et d’une dessinatrice à la lisibilité graphique exemplaire, conjuguant avec talent et habilité, avec un graphisme réaliste et expressif, les moments sérieux, les scènes émouvantes et le comique de situation.
Laurent TURPIN
« Interférences » par Jeanne Puchol et Laurent Galandon
éditions Dargaud – ISBN : 9782505067313
 PS : notez, amis ardéchois et drômois que le samedi 3 février 2018 à 16h, une diffusion en salle d’une pièce radiophonique adaptée de la BD aura lieu au cinéma le Navire à Valence.
Album intéressant, car il rappelle à quels dangers s’exposaient les radio-libres. avant Mitterrand…