Une aventure (À suivre)

En ce début de nouvelle année, les éditions P. L. G proposent une nouvelle édition, richement revue et augmentée, d’un livre paru chez Casterman en 2004 : « L’Aventure (À suivre) » de Nicolas Finet, à l’occasion des 40 ans de la création de l’une des plus emblématiques revues de bandes dessinées modernes. La collection Mémoire vive (dirigée par Philippe Morin) s’embellit, ainsi, d’un nouvelle référence indispensable pour la connaissance des tendances de fond aujourd’hui encore en vigueur dans les pratiques éditoriales du 9e art !

            Ces éléments rédactionnels, donc enrichis ou partiellement réécrits grâce à des compléments d’interviews et à des témoignages inédits, retracent l’histoire du mensuel (À suivre) et de ses auteurs phares : Hugo Pratt, Jacques Tardi, Jean-Claude Forest, Max Cabanes, Benoît Sokal, Claude Auclair, Victor de la Fuente, Didier Comès, Milo Manara, Jean-Claude Servais, François Schuiten & Benoît Peeters, Jacques Ferrandez, François Bourgeon, Jacques de Loustal, etc.

Sous couverture de Tardi, les très nombreux entretiens (outre une grande partie des précités, on y trouve aussi les témoignages de Ted Benoit, F’Murrr, José Muñoz, Régis Franc, Jean Teulé, Jean-Marc Rochette, François Boucq, Daniel Torres, Éric Warnauts et Guy Raives, Christian Rossi, Nicolas de Crécy, Baru, Johan De Moor ou Jean-Christophe Chauzy), l’iconographie peu connue et l’analyse documentée contenue dans cet opus éclairant (224 pages en noir et blanc, au format 16 x 24), diffusé par Makassar, nous permettent de mieux comprendre les aléas des 19 ans d’existence de ce mensuel qui a marqué plusieurs générations.

            C’est aussi l’occasion, pour ceux qui ne s’en étaient pas encore rendu compte, de constater que Nicolas Finet a une sacrée belle plume… Aussi, laissons-lui la parole pour présenter plus en avant l’intérêt de ce mensuel fondateur (et donc de son ouvrage), il le fera toujours bien mieux que nous : « Lorsque Pratt et Tardi, avec les éditeurs de Casterman, laissent leurs envies et leurs intuitions rôder autour d’un projet de revue, ils ne sont pas les premiers à s’aventurer sur ce terrain. Pour tout dire, ils auraient même plutôt du retard, dans cette seconde moitié des années 1970. Bref, il y a déjà bien du monde dans les allées, encore un peu marginales, encore un peu sulfureuses, de la nouvelle bande dessinée d’alors. Mais c’est aussi une époque où tout paraît possible. La génération qui s’ébroue sur les beaux restes de la contre-culture (qui ne feront d’ailleurs plus illusion très longtemps), pétrie de politique, d’audaces émancipatrices et de soif de libertés, est encore disponible pour toutes les aventures. Ce sera le talent de l’équipe fondatrice d’(À suivre) que d’inventer sur ce terreau-là, à l’instinct ou presque, une autre manière de créer de la bande dessinée. Et de savoir, en l’appuyant sur le génie des auteurs, façonner comme une idée vraiment neuve cette approche encore inédite, qui aujourd’hui nous paraît si évidente : proposer de grands romans en bande dessinée. (À suivre) a tenu cette promesse-là pendant pratiquement vingt ans, à quelques semaines près. Jetant du même coup, bien au-delà de son seul bassin d’audience naturel, les bases d’un imaginaire et d’un héritage narratif, stylistique et créateur auxquels se réfère toujours une bonne part de la bande dessinée actuelle. »

 Gilles RATIER

 « L’Aventure (À suivre) » par Nicolas Finet

Éditions P. L. G, collection Mémoire vive (15 €) – ISBN 978-2-917837-27-6

Galerie

3 réponses à Une aventure (À suivre)

  1. Jean Pierre dit :

    ..Metal hurlant / (A suivre)…c’était la grande époque…!!

  2. Capitaine Kérosène dit :

    Où l’on constate que le travail de journaliste demande parfois des sacrifices.
    En effet, ce n’est pas très gentil de qualifier d’emblée cet ouvrage de nouveau « pensum » puisque, d’après mon Larousse, il s’agit d’une « Tâche supplémentaire donnée comme punition à un élève. Besogne ennuyeuse. »
    Doit-on souhaiter bon courage à ceux qui liront ce livre ? :-)

    • Gilles Ratier dit :

      Ah, ah, ah ! Bien vu, Capitaine Kérosène ! J’aurais dû vérifier cette définition quand j’ai utilisé le mot « pensum » ; d’autant plus que le texte de Nicolas Finet est tout sauf ennuyeux !
      Je remplace par « une nouvelle référence » !
      Merci encore pour avoir mis le doigt sur cette mauvaise interprétation !
      Bien cordialement
      Gilles Ratier

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