Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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Fille adoptive d’un ambassadeur américain, originaire d’une famille de juifs dissidents d’URSS, Shania Rivkas, la voleuse devenue espionne internationale et dont le destin est désormais entre les mains de Philippe Aymond, nous revient pour une aventure parisienne mouvementée.
Suzan Fitzroy, alias Shania Rivkas, alias Lady S, toute nouvelle recrue de l’ONG Action 19, débarque à Paris afin de rejoindre l’antenne parisienne de l’agence. Avec le concours d’Arnaud Delacoste, chargé des relations avec la Cour pénale internationale, elle a pour mission de parvenir à faire sortir le colonel mawalite Uhuru Lomumbo de l’ambassade du Mawali, où il s’est réfugié avec la bénédiction du président Ernest Batanko. L’homme, soupçonné d’exécutions sauvages dans la province du Bohuri, doit être livré à la Cour de justice européenne de La Haye. L’ancienne espionne de haut vol organise alors une opération d’infiltration audacieuse et périlleuse, afin d’exfiltrer le colonel. La jeune femme se voit, par ailleurs, contrainte de collaborer avec Wilkins, un agent pas vraiment amical de la CIA qui traque lui aussi Lomumbo. Si le commando, grâce à l’action mise au point par Shania, parvient à sortir le colonel de son refuge, la suite n’est pas vraiment conforme au plan imaginé par la blonde héroïne. À moins que…
Ce récit mouvementé et haletant de la première à la dernière planche, aux rouages parfaitement huilés, orchestré par Philippe Aymond, ne connaît pas le moindre point mort. Toutes les ficelles du thriller sont utilisées avec habileté, au fil de cette histoire que ne renierait par Jean Van Hamme, lequel a abandonné l’écriture du scénario au profit de son dessinateur depuis le dixième épisode.
C’est aux côtés de Jean-Claude Mézières que Philippe Aymond, né en 1968, a appris son métier (avec Hugues Labiano et Philippe Chapelle) en dessinant « Canal Choc ». Après avoir publié « Apocalypse Mania » avec Bollée chez Dargaud, il anime « Lady S » avec Jean Van Hamme depuis 2004, dans les pages de Spirou. Un dessin fluide et précis, une mise en scène dynamique, servent des intrigues riches dont il est aujourd’hui l’unique maître d’oeuvre. « Lady S », série à la fois classique dans sa forme et moderne dans ses audaces, respecte les codes de la pure tradition de la bande dessinée d’aventure franco-belge.
Henri FILIPPINI
« Lady S T13 : Crimes de guerre » par Philippe Aymond
Éditions Dupuis (12 €) – ISBN : 9782800170442
Très bonne critique : claire et dense à la fois qui donne envie de lire ce tome de Lady S .Ce que j’ai fait avec plaisir.