On vous a déjà dit tout le bien que l’on pensait de la saga ébouriffante, délirante et jubilatoire « The Kong Crew » d’Éric Hérenguel… (1) Or, voilà que les éditions Caurette sortent une très belle intégrale de luxe de la trilogie (224 pages, dans sa version originale en noir et blanc grisé et en français) : une incroyable épopée hommage aux comics, aux pulps et aux vieux films fantastiques des fifties ! Ceci alors que le tome 3, cartonné et en couleurs, vient aussi à peine de paraître chez Ankama… La totale en noir et blanc ou les trois volumes en couleurs, vous avez donc le choix ! L’essentiel étant de ne pas passer à côté de ces aventures follement drôles, débridées et imaginatives, sous couvert de fable épique et écologique !
Lire la suite...« Ranma ½ » T1 par Rumiko Takahashi
À la fin du siècle dernier, cela n’aurait pas été nécessaire de présenter Rumiko Takahashi. L’auteur de « Lamu », « Juliette je t’aime » et bien sûr « Ranma ½ » était multidiffusée à la télévision et les mangas ayant inspiré ces adaptations sont tous sortis chez Glénat ou Tonkam. Si, aujourd’hui, ses dernières œuvres sont toujours régulièrement éditées, elle est noyée dans la masse des sorties annuelles. Pourtant, écoutant ses fans irréductibles, Glénat ressort l’un de ses plus gros succès en France : « Ranma ½ », dans une version enfin fidèle à l’original.
Paru en février 1994, le premier volume français de la série « Ranma ½ » fait figure de pionnier du manga en France. À cette époque, Glénat n’éditait pas les mangas dans le sens japonais, ne conservait pas le dessin original de couverture. Couverture qui était elle même en cartonnage souple et non revêtue d’une jaquette comme les mangas originaux et comme nous les connaissons maintenant en France. Malgré tout, aidé par la diffusion du dessin animé, la série a eu un succès indéniable, jusqu’à la parution de son trente-huitième et ultime tome en septembre 2002. Depuis, plus rien : les autres séries de Rumiko Takahashi ont étaient publiés chez divers éditeurs et Ranma est tombé dans l’oubli pour la génération de lecteurs actuels. Mais tout ceci est du passé et les moins de 30 ans peuvent maintenant apprécier la série dans une édition revue et surtout bien plus respectueuse du matériel original.
« Ranma ½ » étant dorénavant publié en édition double d’environ 350 pages et, enfin, sans inversion du sens des pages. Les dessins ne sont donc plus à l’envers (les personnages redevenant pour la plupart droitiers) et les enseignes, plaques, signes et autres onomatopées en japonais sont tous présents comme à l’origine et traduits en dessous. Certaines images en couleurs sont conservées pour la première fois en France. Bien évidemment, la traduction a été complètement réactualisée et des bonus complètent chaque volume, pour ce numéro 1, c’est une interview inédite de Rumiko Takahashi.
Mais pourquoi « Ranma ½ » a eu autant de succès ? Tout d’abord, c’est une série à épisodes où l’humour est omniprésent. Ranma Saotome est un jeune homme débordant d’énergie, alors qu’il s’entraîne en Chine avec son père, il tombe dans l’une des sources de Yusen aux pouvoirs étranges. Chaque plan d’eau a la particularité de garder en mémoire les caractéristiques de la dernière personne s’étant noyée dedans. Celle dans laquelle Ranma est tombé a vu une jeune fille trépasser il y a cinq mille ans. Maintenant, quand il est arrosé d’eau froide, il se transforme en jeune fille et revient à la normale au contact de l’eau chaude. Son père, de son côté, est tombé dans celle du panda. L’histoire débute alors que Ranma et son père, tous deux transformés se battent en ville pour une histoire de mariage arrangé. D’un autre côté, M. Tendo attend la venue du futur fiancé avec ses trois filles. En effet, seul un homme peut lui succéder à la tête de son dojo. Comme vous l’avez compris, ces deux histoires se recoupent et vous pouvez imaginer la déception des Tendo lorsqu’ils voient débarquer une jeune fille et non un garçon comme convenu. Après s’être baigné, et donc redevenu lui-même au contact de l’eau chaude, Genma Saotome expliqua toute l’histoire à son vieil ami. Quant à Ranma, il finira par se présenter sous sa véritable forme à la fin du premier chapitre. Le reste n’est qu’une succession d’histoires courtes voyant apparaître de nouveaux personnages transformistes dans un enchaînement de quiproquos pour des aventures plus loufoques les unes que les autres. C’est ce mélange de combat, de romance et d’humour décalé qui a fait le succès de cette série extrêmement longue et néanmoins toujours divertissante.
Le sucés de Rumiko Takahashi n’est pas dû au hasard. Avant de remporter un concours organisé par l’éditeur Shogakukan en 1978, elle a suivi pendant deux ans le cursus de conception scénaristique et graphique de Kazuo Koike, l’auteur, entre autres, des mangas à succès « Lone Wolf and Cub » et « Crying Freeman ». C’est alors qu’elle débute la série qui la propulsera sur le devant de la scène : « Urusei Yatsura », connu chez nous sous le nom de « Lamu ». En parallèle, elle construit un récit plus réaliste destiné aux adolescents avec « Maison Ikkoku », l’histoire d’une pension gérée par une veuve (Kyoto), convoitée par un étudiant maladroit (Godai). Ce récit se basant sur son expérience personnelle, lors de ses premières années en tant qu’artiste débutante. Après le succès de « Ranma ½ », elle n’a plus à vivre en colocation puisqu’elle devient la plus fortunée des artistes féminins de mangas. Ses ventes dépassant les 100 millions d’exemplaires. Ce qui est logique quand on est un bourreau de travail comme elle, avec peu d’assistants et surtout plusieurs séries en parallèle à certains moments. De plus, elle sait concevoir des histoires très variées et toujours divertissantes. Ses nombreuses histoires courtes ont toutes été compilées en recueils et ses séries sont à rallonges : 34 tomes pour « Urusei Yatsura« , 38 pour « Ranma ½ », 58 pour « Inu Yasha ». Sa dernière création « Rinne » semble bien partie pour durer encore longtemps avec déjà autant de volumes que « Ranma ½ ». Le trait, tout aux pinceaux de Rumiko Takahashi, très dynamique, a fait que son style est immédiatement reconnaissable et plein de charme. Malheureusement, son œuvre est truffée de jeux de mots intraduisibles en français. Mais les traducteurs essayent toujours de remplacer aux mieux les blagues en les adoptants à la culture français quand cela est possible, ce qui est malheureusement rare.
Bien évidemment, si vous possédez les 38 volumes de la première édition, il est légitime de se demander si l’acquissions de cette édition, dite originale, est nécessaire. La réponse est presque toujours oui, puisque vous êtes assurément un fan de Ranma et de sa bande. Le livre étant bien plus respectueux de l’originale et surtout l’impression est particulièrement soignée comparée à ce qui s’était fait auparavant. Enfin, les bonus apportent un petit plaisir supplémentaire à la lecture. Si par contre, vous n’avez jamais lu « Ranma ½ », sautez sur l’occasion en vous procurant l’un des monuments de la culture japonaise dans une édition lui faisant enfin honneur.
Gwenaël JACQUET
« Ranma ½ : édition originale » T1 par Rumiko Takahashi
Éditions Glénat (10.75 €) – ISBN : 978-2-344-02530-7