Winsor McCay : l’exposition rêvée !

Depuis le 23 juin et jusqu’au 1er octobre 2017, la Ville de Cherbourg-en-Cotentin propose, pour sa 8ème biennale du 9e art, une éblouissante rétrospective consacrée au génial créateur de « Little Nemo in Slumberland ».

L'entrée du musée où se tient la Biennale en compagnie du maire de Cherbourg-en-Cotentin : Benoît Arrivé, de l'adjointe à la Culture et au patrimoine : Catherine Gentile, de l'attachée de presse : Louise Rossignol ainsi que de la directrice de la communication : Florence Coudre.

Un jeu de lumière symbolise l'entrée de la biennale.

« C’est l’exposition impensable, impossible presque, car tout était destiné à disparaître », nous indique Benoît Peeters, commissaire et scénographe, avec François Schuiten, de cet événement exceptionnel. Et d’expliquer : « L’ensemble des travaux de Winsor McCay (1869–1934) a été publié via les sunday pages, sans être jamais recueilli du vivant de l’auteur. Après son décès, son fils a découpé de nombreuses planches, d’autres se sont détériorées… » Bref, il ne resterait plus en circulation qu’une centaine de planches du génial pionnier de la bande dessinée et du dessin animé, principalement dispersées chez des collectionneurs privés et dont certaines n’ont jamais été présentées au public. Sur cette somme, ce sont un peu plus de 60 originaux du Maître, dont une trentaine de « Little Nemo » (aux côtés desquels on remarquera une dizaine de planches de ses contemporains, tels Dirks ou McManus), qui se trouvent ici réunis grâce au galeriste Bernard Mahé (Galerie 9e art), lequel les a dénichés dans le monde entier.

Les maîtres d'œuvre de cette exposition : Benoît Peeters, François Schuiten et Bernard Mahé

À l'occasion de cette biennale, Bernard Mahé a édité un gigantesque livre reprenant les meilleures pages tirées de l'exposition. Le tirage, très restreint est de 180 exemplaires numérotés, dont 60 ont déjà été acquis par souscription. Commenté par les artistes et théoriciens de la bande dessinée, Benoît Peeters et François Schuiten, l’ouvrage reproduit 26 planches originales à taille presque réelle (90%) accompagnées de leurs pages du dimanche en couleurs. Ce livre d’exception est aujourd’hui vendu au prix, totalement justifié de 580 €.

Un livre tellement grand que sa couverture est en bois.

Passionnés par le travail de Winsor McCay, Benoît Peeters …

… et François Schuiten ont trouvé le juste équilibre pour mettre en place …

… une exposition qui captive aussi bien les petits que les grands.

À l’apogée de sa carrière, McCay à également réalisé des illustrations politiques n’hésitant pas à personnifier ses idées avec un bestiaire faisant appel à l’imaginaire collectif.

Voir ces planches en grand permet d'apprécier au mieux le sens du détail de McCay.

Déjà exceptionnelle en soi, l’exposition cherbourgeoise présentée au sein d’un Musée des beaux-arts Thomas Henry totalement rénové bénéficie donc d’un prestigieux commissariat, assuré par les auteurs des « Cités obscures » et qui se sont fixés le but de  « rentrer dans l’intimité du dessinateur». « C’est extraordinaire », indique François Schuiten,  « car la présentation de ses originaux, réalisés en très grand format, permet de saisir la finesse de son trait et de faire des découvertes permanentes. C’est un homme de spectacle, un personnage hors norme. On trouve dans ses travaux la même imagination que chez Méliès. »

La dernière partie de l'exposition met en avant les illustrations politico/satirique de l'auteur, en fin de carrière. Certains dessins comportent encore des annotations dans les marges.

Le lit de Nemo flotte au centre de l'exposition.

Jeu de lumière sur le sol du musée.

Et pour restituer la dimension féérique et spectaculaire du travail de McCay, Peeters et Schuiten ont réalisé un important travail sur la lumière, accompagné d’une scénographie et d’une composition sonore originale (signée Bruno Letord), qui joue sur l’espace, avec des modifications de son lors du passage d’un point à l’autre. 5 petits films, qui donnent les informations historiques et esthétiques, offrant même des planches non présentes dans l’exposition, ponctuent le parcours du visiteur, qui pourra également visionner le dessin animé historique, « Le Naufrage du Lusitania », en intégralité.

 

Un Nemo qui bouge grâce à la lumière accueil le public dès la première galerie.

Benoît Peeters, en tant qu'historien, n'hésite pas à se mettre en scène dans des vidéos didactiques disséminées au sein de l'exposition.

Au centre de la pièce, dans des caissons lumineux, trônent les véritables pages du dimanche, imprimées en couleur et pour certaines encore bien conservées malgré leur âge.

De ces pages du dimanche, il reste aussi, pour certaines, les planches originales à l'encre de Chine et au crayon bleu.

Si Little Nemo reste le personnage le plus connu de McCay, d’autres oeuvres trouvent également leur place dans cette exposition.

Vous l’aurez compris, cette exposition, rare et exceptionnelle, est un passage obligé pour tout amateur de BD en villégiature en Normandie. L’amateur de belles images, tout comme le passionné d’histoire ne peut que s’émerveiller devant ce travail qui date de près d’un siècle pour les plus récents. Une occasion pareille ne se représentera sûrement pas de sitôt et cette rétrospective mérite assurément un détour vers Cherbourg. La ville sait accueillir ses touristes avec son port, ses musées où sa Cité de la mer, où l’on peut appréhender un monde de silence qui aurait bien fait rêver Némo.

Une grande campagne de communication à la hauteur de l'événement a été mise en place sur la région Normande. Ici, à Caen, proche du mémorial.

Laurent TURPIN et Gwenaël JACQUET

L'affiche de la biennale montre bien évidemment le personnage emblématique de Winsor McCay : Little Nemo, interloqué face à ce qui est maintenant la cité de mer, mais qui était, il y a encore un siècle, le port de départ de nombreux migrants embarquant sur de majestueux transatlantiques en partance pour le Nouveau Monde afin de commencer une nouvelle vie rêvée en tant que citoyens américains.

Exposition : Winsor McCay, de Little Nemo au Lusitania du 23 juin au 1er octobre 2017 au musée Thomas Henry (Centre culturel Le Quasar, Esplanade de la Laïcité, 50100 Cherbourg-en-Cotentin).

Galerie

4 réponses à Winsor McCay : l’exposition rêvée !

  1. PATYDOC dit :

    Pour les petits budgets, il existe une compilation en format de poche mais en couleurs, chez Taschen

    • Laurent Turpin dit :

      Absolument ! Et j’en profite pour signaler le très intéressant livret, également en format poche, publié aux éditions Toth pour accompagner l’exposition et comprenant les reproductions de 26 planches de « Little Nemo in Slumberland » commentées par François Schuiten et Benoît Peeters (contact@galerie9art.com).

  2. JC LEBOURDAIS dit :

    Cela ressemble beaucoup à l’expo McCay qui était au festival de Sierre il y a plus de 20 ans. La prétention en plus.

    • Gwenaël Jacquet dit :

      Il y a vingt ans, les écoliers qui ont visité cette exposition n’étaient pas nés. Heureusement pour eux que des événements de ce type reviennent régulièrement.

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