« Les Beaux Étés T3 : Mam’zelle Estérel » par Jordi Lafebre et Zidrou

Véritable comédie en bande dessinée, « Les Beaux Étés », dont le riche casting ferait pâlir de jalousie plus d’un metteur en scène, évoque avec justesse une époque déjà lointaine où, paraît-il, il faisait bon vivre.

En 1962, alors qu’on danse sur le twist et qu’on chante Brel, un second enfant vient de voir le jour au sein du foyer Faldérault où le père dessine la série « Les Aventures de Zagor le magicien ». C’est aussi l’année où arrive une 4L luxe 6 glaces, offerte par le père de Mado, bien vite baptisée Mam’zelle Estérel par la famille.

30 ans plus tard, Pierre, désormais à la retraite, se décide enfin à vendre à un collectionneur sa vieille 4L qui dort encore dans le garage. Cette terrible séparation fait remonter bien des souvenirs à la mémoire du vieux couple, dont les quatre enfants ont désormais quitté la maison. Flash-back : offerte par le père de Mado, qui vient de vendre son magasin de chapeaux, la petite merveille des usines Renault s’apprête à vivre ses premières vacances avec la famille Faldérault qui, à l’époque, n’a que deux enfants. Reconnaissant, Pierre propose aux beaux parents Yvette et Henry Legrand de les accompagner, histoire de les remercier.

Malheureusement, au grand désespoir du couple qui rêvait de soleil, Yvette, belle-mère tyrannique et épouse exemplaire, décide de ne pas aller plus loin que Saint-Étienne, histoire de ménager ce brave Henry : victime, il y a peu, d’un accident cardiaque. Armée de son guide Michelin, l’insupportable belle mère mène la famille à la baguette, transformant ces paisibles vacances en un véritable chemin de croix… Et puis, quitter la brumeuse Belgique pour Saint-Étienne et un hôtel tenu par un Belge, cela n’a rien de folichon.

Ce fil rouge, à première vue d’une grande banalité, permet à Zidrou de construire un récit tour à tour émouvant, drôle, cocasse et délicieusement nostalgique. On rit, on pleure, on aime, on s’engueule, on se réconcilie au fil de ce séjour ou chacun se dévoile un peu. Après un long séjour dans l’humour jeunesse (« L’Élève Ducobu », « Tamara »), Zidrou (Benoît Drousie de son vrai nom) se révèle tout aussi inspiré dans la réalisation des bandes dessinées plus adulte. Le dessinateur espagnol Jordi Lafebre (« Lydie », « La Mondaine »), sans tomber dans la caricature, campe des personnages épatants qu’il fait évoluer avec une étonnante facilité dans des pages aux décors délicieusement rétro.

Ce troisième volet des « Beaux étés », après « Cap au sud ! » (lire « Les Beaux Étés T1 : Cap au sud ! ») et « La Calanque » (lire « Les Beaux Étés T2 : La Calanque »), devrait réjouir tous ceux qui ont apprécié les deux premiers volumes de cette chronique où l’émotion et le rire sont au rendez-vous.

Henri FILIPPINI

« Les Beaux étés T3 : Mam’zelle Estérel » par Jordi Lafebre et Zidrou

Éditions Dargaud (13,99 €) — ISBN : 978-2505067764

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