« Lady of Shalott » par Daniel Ceppi

En mêlant habilement les univers et les personnages de ses deux séries phares (« Stéphane Clément, chroniques d’un voyageur » et « CH Confidentiel ») dans un palpitant et très dense thriller situé dans sa ville d’origine, le Genevois Daniel Ceppi opère un retour remarqué à la bande dessinée.

Depuis novembre 2012, date de parution du « Piège ouzbek » (une tribulation de Stéphane Clément, voir « Stéphane Clément, chroniques d’un voyageur » T13 [« Le Piège ouzbek »] par Daniel Ceppi), Daniel Ceppi se faisait plutôt rare dans le milieu de la bande dessinée. Avec cette sorte de cross-over, qui met en scène son fameux globe-trotter et sa compagne menant l’enquête en compagnie d’un couple de flics internationaux qui font partie de la Brigade des enquêtes réservées (voir CH confidentiel T1 : Pandore), il nous rappelle qu’il est toujours un maître de la narration graphique : ce récit parfaitement documenté, qui peut se lire complètement indépendamment des aventures des héros précités, étant particulièrement prenant et limpide.

Ici, nos protagonistes doivent faire face à une série de crimes particulièrement sordides et sadiques, commis au cœur de la cité de Calvin. À quelques jours de l’inauguration d’une exposition de tableaux vivants, un pervers reproduit de façon macabre des œuvres picturales de peintres aussi célèbres que Picasso, Goya, Shiele ou Bacon. De son côté, Stéphane Clément — de retour à Genève — assiste au meurtre du propriétaire d’un magasin de tabac qui possédait un talent caché pour le dessin. Comme bien d’autres jeunes artistes de l’époque, alors aussi délurés qu’ambitieux, il était sorti, quarante ans plus tôt, de l’école d’Arts décoratifs de cette grande ville suisse. Or, il s’avère que cela a un lien avec les victimes du meurtrier en série genevois : un véritable boucher esthète.

Certes, l’idée n’est pas neuve (nombre de polars reposent sur le thème de la vengeance ou de l’assassinat considéré comme l’un des beaux-arts [1]), mais la sauce experte concoctée par Ceppi rend le met succulent : tout est dans l’ambiance feutrée, la finesse du trait et l’efficacité des dialogues… Chapeau l’artiste !

Gilles RATIER

 (1) En BD, on pense par exemple à l’excellent « Moi, assassin » de Keko et Antonio Altarriba, édité chez Denoël Graphic, ouvrage récompensé par le Grand Prix de la Critique ACBD en 2015 : voir « Moi, assassin » par Keko et Antonio Altarriba.

« Lady of Shalott » par Daniel Ceppi

Éditions Le Lombard (14,99 €) – ISBN : 978-2-8036-3580-1

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