« Dc Univers Rebirth » par Geoff Johns

Ce mois-ci, et alors que les lecteurs américains ont eu droit à ce changement il y a déjà un an, Urban Comics lance en français « DC Univers Rebirth » : un gros pavé de 592 pages, réunissant l’intégralité des récits introductifs de la nouvelle ère des comics DC à paraître.
Quatre premiers albums « Tome 1 » seront en effet publiés dès le 9 juin (1), et d’autres suivront, jusqu’à la fin de l’année.

Les deux grandes maisons d’édition DC et Marvel possèdent des univers complexes, mais assez cohérents. Elles proposent néanmoins, régulièrement, des rebondissements importants, que ce soit par le biais de crossover (participation de héros issus d’éditeurs différents dans leurs séries), de reboot (on efface ce qui s’est passé, et on repart avec de nouvelles histoires comme si de rien n’était), ou comme ici, un nouveau départ : un relaunch, afin que les nouveaux lecteurs puissent s’emparer des séries, sans devoir connaître tous les antécédents.

 « DC Univers Rebirth » est la suite d’un grand événement débuté il y a déjà cinq ans intitulé « DC Renaissance » (« New 52 » en anglais), qui avait réactualisé les héros pour les lecteurs d’aujourd’hui. L’éditeur français a dû terminer ce cycle précédent afin d’embrayer. Dans ce nouvel univers, de grands scénaristes tels Geoff Johns (« Justice League »), Scott Snyder (« Batman, la cour des hiboux ») et Greg Rucka (« Wonder Woman ») mettent leur talent à contribution avec une nouvelle intrigue, afin d’ouvrir une nouvelle fenêtre, et permettre de garder le dynamisme nécessaire à une industrie en perpétuelle compétition.

On retrouve donc, dans cet album, les acteurs là où on les avait laissés, avec un premier récit introductif qui repositionne la problématique de temps distordu et d’univers parallèles, grâce à Wally West, l’un des Flash historiques qui erre dans la Force véloce : sorte de tunnel de verre. Celui-ci lui permet de venir visiter certains de ses anciens amis, les uns après les autres, afin d’essayer de leur redonner la mémoire disparue, à la suite des épisodes précédents. (Voir entre autres la conclusion de « La Guerre de Darkseid »).

Cependant, la force véloce aspire notre héros le plus rapide du monde, et dans un déchirement d’éclair, l’oblige à chaque visite à s’éclipser aussi vite qu’il est apparu. Sa voix off nous permet néanmoins de recoller les morceaux avec les épisodes de « DC Renaissance », à savoir que : Batman vit cloîtré, devant combattre pas un, mais trois Joker ; que Darkseid a été détruit puis ressuscité à l’état de nourrisson, la place de régent d’Akopolis revenant dorénavant à Lex Luthor plus puissant que jamais, revêtu d’une armure aux couleurs de son ennemi juré : Superman. Enfin, la ligue doit composer avec la mort de son plus grand équipier : Superman lui-même. Compagnon de Wonder Woman dans « DC Renaissance », celui-ci a en effet succombé à l’issue d’un terrible combat, qui l’a réduit en cendres (voir « Superman Requiem »).

Mais un autre Superman (plus vieux) existe sur cette Terre. Issu de la continuité classique de DC (1985 — 2011), effacée pour faire suite à l’épisode « Flashpoint », il vit depuis dix ans en clandestinité dans l’univers Renaissance. La mort de son double va-t-elle le forcer à se révéler ?

Tout cela est expliqué dans ces épisodes introductifs, à l’occasion de nouvelles présentations de chaque héros : Flash, Nightwing, les Teen Titans, Superman, Wonder Woman, la Justice League, Hal Jordan, les Green Lantern, Rourman, Cyborg, Green Arrow, Suicide Squad, Deathstroke, Hellblazer, Batman, Red Hood & les Outlaws, Batgirl et les Birds of Prey, Supergirl, Blue Beetle.

L’idée est que quelqu’un de très puissant manœuvre dans l’ombre et a réussi à maintenir, jusqu’à présent, des souvenirs faussés pour chacun d’entre eux… Wally West va-t-il réussir à rafraîchir leur mémoire, et leur permettre de mener l’enquête ?

C’est à l’aune de publications comme celles-là que l’on se rend compte du retard pris par les sociétés de production cinématographiques, et en l’occurrence Warner. Celle-ci n’a en effet encore pas tout à fait réussi, mis à part peut-être avec ses Batman, Green Lantern dans une moindre mesure, et les Watchmen, à porter sur grand écran les réflexions psychologiques ou la complexité de l’univers traité dans ce genre de scénarios. Comment, en lisant ces pages, ne pas penser par exemple à l’épisode « Crise d’identité » (2) ? Cet épisode, parmi d’autres à l’origine du renouveau des années 2000, a permis de rendre beaucoup plus sérieux et adulte, via la Ligue de justice, cet univers de science-fiction, à la base purement récréatif. On sent le désir dans « Rebirth » de continuer dans ce sens, et à cet égard, Geoff Johns et ses collègues réussissent le pari.

Cela dit, dans cet imposant volume, en dehors de l’ingéniosité dont peuvent faire preuve les différents scénaristes pour nous embarquer dans leur tourbillon, ressort aussi le camaïeu impressionnant de dessinateurs de talent qui est mis à leur service. Si on est d’abord impressionné par le pitch et le nombre de pages à ingurgiter, on se laisse séduire avec délice par les grandes qualités graphiques et de mise en page.
Gary Frank, Carmine Di Giandomenico, Doug Mahnke, Etan Van Sciver, Carlo Pagulayan, Mikel Janin, Ryna Sook, Yanick Paquette, Dexter Soy, Claire Roe… ils sont trop nombreux pour être tous cités. Mais quelle classe, quel talent !

S’il ne fallait retenir qu’une chose de ce « DC Rebirth », ça serait ça : un monumental exemple de ce que la culture comics peut apporter de meilleur aux lecteurs : un kiff total d’entertainement pur.

 Franck GUIGUE

PS : L’ouvrage propose, comme d’habitude chez cet éditeur, de nombreux bonus : dont un avant-propos récapitulatif, une introduction pour chaque chapitre, quatre pages éditoriales sur les « Coulisses de DC Rebirth » et une galerie d’illustrations.

(1) Quatre premiers tomes à paraître le 9 juin, chez Urban Comics : « Batman » T1 par David Finch & Tom King, « Wonder Woman » T1 par Nicola Scott et Greg Rucka, « Suicide Squad » T1 par Jim Lee, Rob Williams et collectif, « Justice League » T1 par Bryan Hitch et Tomy Daniel.

 (2) Publié chez Urban Comics en janvier 2013, mais aussi chez Panini, dès 2005, en fascicules Batman/Superman, puis en album en 2010 sous le titre « Identity Crisis », chez le même éditeur.

« Dc Univers Rebirth » par Geoff Johns
Éditions Urban Comics (35 €) – ISBN 979-1-0268-1128-2

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