« Lockdown » T1&2 par Nykken et Michio Yazu

Les éditions Ki-oon récidivent avec un titre qui va encore tenir en haleine leurs lecteurs les plus fidèles. Cette fois-ci, ce n’est pas un groupe composé de moins d’une dizaine de personnes qui sont prises au piège d’un jeu diabolique, mais une école tout entière. Mélange de chronique sociale, de grand banditisme, de zombies et d’expériences bactériologiques. Il va falloir que les élèves survivent pour arriver à comprendre la raison de ce « Lockdown ».

La journée avait pourtant bien commencé pour Sota. Il a passé quelques minutes en compagnie de Miho : une fille qu’il apprécie particulièrement. Trop timide, il n’arrive cependant pas à lui avouer ses sentiments. De retour en salle de classe, la routine reprend le dessus. Mais seulement pour quelques instants. Au loin, des sirènes de police se font entendre. Suivis de véhicules de type militaire surgissant à l’entrée de l’école. Des hommes, cagoulés et surtout armées en descendent. Le professeur venu à leur rencontre se fait immédiatement tirer dessus. Le commando est, pour le moment, à la recherche de l’infirmerie. Leur chef, une femme du nom d’Hozuki est salement amochée. Pendant que l’infirmière scolaire tente le tout pour le tout, en sachant bien que ses moyens sont limités, la prise d’otage s’organise. Les élèves sont confinés dans leur classe, la consigne est claire, si l’un d’eux tente de s’enfuir, les assaillants abattront 5 de leurs camarades en représailles. Pas question d’aller aux toilettes ni de communiquer avec l’extérieur. D’ailleurs, tous les téléphones portables sont confisqués. Une guerre psychologique se met en place, sournoisement, entre les élèves. Mais le pire sera de se rendre compte que lorsque l’un des étudiants a tenté de fuir, ce n’est pas un preneur d’otage qui l’a abattu, mais une personne de l’extérieur. Un policier ou d’autres mercenaires ? Personne ne sait trop ce qui se passe…

Dans les coulisses, le lecteur découvre que le commando détient un produit bactériologique que leur chef, à bout, demande à tester sur elle-même. C’est apparemment la seule issue possible si elle ne veut pas mourir. Après l’injection, si son corps a retrouvé sa vigueur, son esprit est toujours aussi dérangé. Ne serait-elle pas devenue un zombie ? Il semblerait bien. Tout comme l’infirmière, dont le corps, en train de cramer sur un bûcher, s’est soudainement cabré avant d’expirer définitivement sous les balles de ses geôliers. Le tout, devant les élèves observant la scène derrière les fenêtres de leur classe, glacés d’effroi.

Habile mélange d’une prise d’otage assez réaliste et de phénomènes paranormaux, les auteurs arrivent à construire un récit prenant et inattendu. L’histoire est menée tambour battant et exploite des ressorts classiques du thriller, tout en y ajoutant une bonne dose de fan-service, de morale et d’entraide. Les personnages ont des caractères loin d’être manichéens, aussi bien du côté des élèves comme de celui des preneurs d’otages. Le tout, bien dosé pour nous faire frémir à chaque page. Surtout que les deux volumes déjà publiés se clôturent chacun sur un clifhanger très bien amené.

Loin des histoires de zombies traditionnelle, le trait de Nykken est extrêmement propre. Hozuki, en fétichiste des poupées et aux attitudes gothiques,le teint blafard, fait partie des personnages énigmatiques très bien rendus. Certains de ses lieutenants, plus combatifs, sont traités de manière plus rude, mais tout aussi expressive. La couverture du premier tome, lumineuse, mettant en scène de manière suggestive cette chef du commando, joue à fond le fan-service. Comme celle du second tome, dans un registre plus sombre, montre une Miho déterminée, le fusil d’assaut en main, prête à faire feu sur les zombies en approche. L’adage « Beautiful Girl with Gun » prend tout son sens ici.

Si l’histoire semble gentille dans la première page, la tension monte crescendo au fil des tomes. Jusqu’a ce qu’Hozuki exige de l’un des élèves devenus zombie, de dévorer les entrailles d’une camarade encore vivante, dont elle vient d’ouvrir le vente à main nue. Si la suite monte encore d’un cran dans l’horreur, je n’ose imaginer le carnage qui s’annonce. En attendant, l’école est bloquée, et personne ne souhaite apparemment qu’on en sorte vivant, aussi bien du côté du commando que des autorités restées à l’extérieur.

Un bon manga, renouvelant le genre huis clos horrifique. L’histoire, pleine de tensions, est renforcée par un dessin expressif qui montre juste ce qu’il faut d’abomination sans en faire trop. Les amateurs du genre vont se régaler.

Gwenaël JACQUET

« Lockdown » T1&2 par Nykken et Michio Yazu
Éditions Ki-oon (7,90 €) – ISBN : 979-10-327-0108-9

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