Revenant au dessin et aux fondamentaux de ses débuts — à une époque où il privilégiait la gaudriole, le grand guignol et la liberté graphique, ce qui était notamment le cas dans le recueil intitulé « Nocturnes » —, Régis Loisel nous gratifie d’un étonnant et magnifique album, de très belle facture, aux éditions Rue de Sèvres : « La Dernière Maison juste avant la forêt », avec l’aide scénaristique de son ami Jean-Blaise Djian. Une histoire foisonnante — de 160 pages — située dans un univers loufoque, délirant, aux limites du fantastique, mais qui est remplie de bons sentiments, et où l’on retrouve tout l’amour pour l’humanité du cocréateur de « La Quête de l’oiseau du temps » ou de « Magasin général » !
Lire la suite...« Dickens & Dickens T1 : Destins croisés » par Griffo et Rodolphe
Dans ce conte fantastique et sombre, Rodolphe nous invite à suivre l’auteur de « David Copperfield », au cours d’un récit qui comblera un lectorat amateur de bonnes histoires classiques, mises en images par un auteur artisan au sommet de son art.
En 1852, Charles Dickens est déjà le plus grand écrivain de son temps et son nom est connu de tous. Afin de trouver l’inspiration, il a pour habitude de se promener la nuit à travers Londres et sa banlieue, parcourant des miles et des miles tout en réfléchissant à ses prochaines histoires.
Un soir, alors qu’il essaye de se rapprocher et de discuter avec un type qui le suit sans le lâcher, ce dernier disparaît sans la moindre explication. Dickens engage alors deux enquêteurs d’un cabinet de détectives, mais ceux-ci finissent abandonnés dans un triste état : égorgés au détour d’une rue, victimes de la violence meurtrière du suiveur.
Parvenu enfin à faire face à cette inquiétante silhouette, l’écrivain découvre un homme qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau : un double maléfique de lui-même, qui s’avère dangereux. Ce presque sosie qui n’ignore rien de sa jeunesse misérable finit par l’entraîner dans des sorties que la morale réprouve : « Dickens, Charles Dickens ! Un nom qui sonne bien ! Qui me va bien ! »
Ainsi prend fin le premier volet de ce diptyque dans lequel Rodolphe nous invite à partager le quotidien de l’auteur d’« Oliver Twist », aux prises avec ses démons les plus intimes, les plus pervers. Passionné par la littérature anglaise, dont il est un fin connaisseur, le scénariste imagine un Dickens attachant et obscur, plongé malgré lui dans un quotidien où fiction et réalité se confondent agréablement.
C’est avec gourmandise que nous retrouvons au dessin Griffo, nous invitant à replonger dans le passé après une longue période contemporaine, certes graphiquement efficace, mais aux images moins lumineuses, moins inventives. Après la Venise de « Giacomo C. », il dessine avec le même soin l’Angleterre Victorienne de Charles Dickens : ses faubourgs misérables peuplés de personnages aux trognes incroyables et, ce qui ne gâte rien, ses filles, qui toutes sont superbes.
Henri FILIPPINI
« Dickens & Dickens T1 : Destins croisés » par Griffo et Rodolphe
Éditions Vents d’ouest (14,50 €) – ISBN : 9782749308128













