Désormais privé de son regretté scénariste et ami Hubert, le dessinateur Zanzim nous revient en auteur complet, quatre ans après le succès public et critique de leur « Peau d’homme » (1), avec un roman graphique aussi drôle que tendre et profondément humaniste. Il nous narre l’histoire tragico-comique de Stanislas : un petit – 1,57 m — vendeur de chaussures introverti, complexé et fétichiste, rejeté par tous. D’autant plus qu’il n’est également pas très grand dans sa tête, car il se comporte, la plupart du temps, de façon carrément maladive par rapport aux femmes (surtout si elles sont de grandes élégantes !) et que son gabarit va encore diminuer après avoir fait le vœu de devenir « un grand homme », au point de n’être pas plus grand qu’un insecte… : mais, au fait, que signifie être un grand homme ?
Lire la suite...Décès de Mix & Remix…
Pour Siné, qu’il vient de rejoindre au paradis des dessinateurs, Mix & Remix était « le plus accompli d’entre nous » (« malgré son lourd handicap d’être né en Suisse » ajoutait-il, sarcastique). Philippe Becquelin, a vu le jour il y a 58 ans en Valais, avant de faire sa vie à Lausanne. Il a succombé à un cancer lundi (19 décembre 2016), non sans avoir trouvé l’ultime énergie, quelques jours avant son décès, de venir d’un pas mal assuré vernir « Venu pour rire » : une exposition commune avec sa fille Louiza, elle aussi dessinatrice, et prendre congé de ses si nombreux amis et admirateurs. Une façon peut-être aussi de passer le flambeau à sa fille, dans un geste d’amour émouvant. Il avait, au gré d’un léger mieux, repris le pinceau et réalisé une série de dessins au trait très noir et primal, comme un dernier pied de nez à un no future si proche.
Venu de la scène rock et punk, Mix & Remix est sorti de l’underground sans jamais le renier, pour devenir une véritable idole du dessin d’actualité en Suisse francophone avec son humour percutant, son trait minimaliste d’une efficacité redoutable et sa façon de tomber toujours au plus juste, avec une approche inattendue, mais si évidente au bout du compte.
Pour son ami et éditeur Frédéric Pajak, il était le seul dessinateur « à avoir un langage ».
Avec trois traits et des tronches réduites à un nez démesuré et un menton en galoche, Mix parvenait à créer des personnages parfaitement identifiables et expressifs en diable, qui sont devenus sa marque de fabrique.
Refusant tout engagement politique, jouant sur la dérision, il pouvait être féroce, mais jamais méchant, s’attaquant à la bêtise humaine plutôt qu’à un homme ou un parti, cherchant toujours le gag acéré plutôt que le trait qui tue, riant des rieurs, un pas à l’écart. Il a fait les grandes heures du magazine d’information L’Hebdo avec sa page hebdomadaire, avant de passer avec gags et crayons au journal dominical Le Matin dimanche, tout en commentant en direct et au bout de son crayon les débats de l’émission politique « Infrarouge » à la télévision suisse romande.
Mix & Remix était publié en France dans Courrier international, Lire ou Siné Mensuel, en Belgique dans Spirou, en Italie dans L’Internazionale.
En 2005, une exposition lui était consacrée au Festival d’Angoulême, à l’instigation de Zep, Grand prix de l’année précédente. Ce fut la surprise, le choc : jamais on n’avait entendu de tels éclats de rire dans une exposition, les visiteurs étaient ravis, ébahis, conquis.
Outre une douzaine de compilations annuelles de ses pages parues dans L’Hebdo, ses gags et strips ont été réunis chez Glénat (« Ça baigne ! ») et surtout dans plusieurs volumes aux Cahiers dessinés entre 2011 et 2015 (« Gags », « Regags », « Le Mix », « Dessins politiques »).
En 2015, un épais volume aux éditions noir sur blanc, « Les Étoiles souterraines », donne un reflet saisissant de l’œuvre des Mix & Remix et de son évolution, conjointement avec le travail de ses amis Pajak, Noyau et Anna Sommer qui, depuis trente ans « n’ont cessé de dessiner ensemble dans des journaux créés par eux et pour eux : Good Boy, Culte, L’Éternité hebdomadaire, L’Imbécile de Paris ».
Mais pourquoi Mix & Remix ? Au départ, ce pseudonyme cachait un couple, avec sa compagne et future épouse Dominique, lorsqu’ils faisaient de la peinture et des « collages et recollages » à quatre mains ; avec une tonalité et une référence musicales qui remontent à la Dolce Vita : la salle alternative lausannoise des années 1980 pour laquelle Mix a dessiné sans compter, du flyer à la fresque en passant par ses affiches.