Il y a presque deux ans, Hervé Bourhis fut victime d’un infarctus à son domicile. Dans les premières réactions bienveillantes de son entourage, revenait souvent le fait qu’il tenait là le sujet de son prochain album. Mais, ne voyant pas l’intérêt de produire un nouvel ouvrage du type « Ma maladie et moi », Hervé Bourhis se sert de cet accident pour aborder, sous un nouvel angle, l’un de ses sujets de prédilection : la musique (1). Le mix de ces deux thématiques produit un témoignage sincère et touchant, paru chez Glénat dans la collection 1000 Feuilles.
Lire la suite...« Puzzle » par Mig et Franck Thilliez
Allez, une dernière petite chronique de 2016 pour signaler l’adaptation que le romancier Franck Thilliez a faite, en personne, de « Puzzle » : son roman noir à succès paru au Fleuve noir en 2013. Cet excellent et angoissant polar, où un groupe de jeunes s’embarque dans un jeu mystérieux à l’intérieur d’un asile désaffecté, est ici efficacement mis en images par le trait agréable et maîtrisé de Mig, dessinateur que l’on a déjà pu apprécier sur des œuvrettes aussi différentes que « Sam Lawry », « Le Messager », « Wakfu » ou « Ogrest ».
Illan et Chloé, deux spécialistes des chasses au trésor, ont longtemps rêvé de participer à la partie ultime d’un jeu dont on ne connaît pas l’entrée, mais dont on sait le nom : Paranoïa. Enfin sélectionnés pour participer à cette légende urbaine, les deux amis se voient remettre la règle n° 1 : « Quoi qu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la réalité. Il s’agit d’un jeu. » Après plusieurs heures de route, ils arrivent devant un gigantesque bâtiment isolé en pleine montagne. Ils sont alors informés de la règle n° 2 : « L’un d’entre vous va mourir. » Quand Illan découvre des informations liées à la disparition mystérieuse de ses parents et que les joueurs trouvent un premier cadavre, la partie peut alors réellement commencer…
Les héros de ce thriller psychologique vont très vite se rendre compte qu’ils doivent collecter les clefs qui leur permettront de sortir de ce jeu grandeur nature, pas si ludique que ça… et de sauver leur peau : la distinction entre le jeu, la folie et la réalité devenant de plus en plus difficile à établir.
Manifestement, on sent que l’écrivain écrit de manière très visuelle, très imagée, car le résultat est aussi anxiogène que l’était le roman, la trame prenant même une nouvelle dimension : peut-être plus nerveuse. On devine aussi qu’il a dû travailler en parfaite osmose avec le dessinateur, lequel connaît parfaitement bien la narration et le langage BD : les pages en bichromie, blanches et bleues sur fond noir, qu’il a savamment composées pour créer une ambiance clinique bien particulière n’ont pas fini de vous hanter…
Gilles RATIER
« Puzzle » par Mig et Franck Thilliez