« Mickey Mouse : Café « Zombo » », par Régis Loisel

Enfant, Régis Loisel adorait « Mickey Mouse ». Jeune dessinateur, il rêvait de dessiner « son » Mickey. Ce vieux rêve devient enfin réalité, avec cet album dédié à tous ceux qui se souviennent, avec nostalgie, du Mickey flanqué de son pantalon rouge aux deux gros boutons dorés, de son dynamisme, des ses grands yeux expressifs…

En 1930, la population de l’Amérique profonde subit de plein fouet les effets désastreux de la Grande Dépression de 1929. Mickey (Mouse) et son ami Horace (Horsecollar) n’échappent pas à la catastrophe et doivent se résoudre à mendier quelques heures de travail, auprès d’un contremaître aux ordres de Rook Füller : un banquier véreux dont Peg-Leg Pete, alias Pat Hibulaire, est l’exécuteur des basses œuvres. Dépités, les deux amis décident, pour oublier leur sinistre quotidien, de partir camper en compagnie de leurs compagnes Minnie Mouse et Clarabelle Cow. Ils sont rejoints par Donald Duck, lequel vient de terminer la construction d’un bateau. Hélas, le bon temps n’est pas éternel et leur retour à la réalité est d’autant plus dur qu’ils apprennent que les habitants de leur quartier sont expropriés : Füller comptant raser leurs habitations, afin de construire un terrain de golf. Le combat est d’autant plus rude que les habitants, embauchés pour détruire leurs propres maisons, sont victimes du café « Zombo » : un dangereux breuvage les transformant en zombies.

Régis Loisel opte pour la solution du strip quotidien, utilisé dans les années 1930 par Floyd Gottfredson : génial dessinateur de « Mickey Mouse » de ces temps lointains. L’auteur de « Peter Pan » maîtrise parfaitement cet exercice contraignant, tout au long des 135 strips que compte cette histoire mouvementée. Il imagine une intrigue riche en surprises, rythmée, drôle et pas si innocente qu’elle y paraît au premier abord. Sans en avoir l’air, Loisel utilise le prétexte de la Grande Crise pour pourfendre les dérives du capitalisme et l’utilisation forcenée des travailleurs : une frontière dans le politiquement correct que n’aurait certainement pas osé franchir Gottfredson en son temps.

Soutenus par un encrage dynamique, les dessins de Régis Loisel, qui ne lésinent pas sur les décors ni sur les cadrages audacieux, impriment sa patte au sein de l’univers Disney… qui n’en revient pas. L’album proposé dans un élégant format à l’italienne, doté d’un dos toilé à l’ancienne et d’un papier de qualité, est une pure merveille. Après Cosey, Keramidas & Trondheim, Tébo, et avant Dodo et Ben Radis, les réadaptations de « Mickey Mouse » aux éditions Glénat sont plus que jamais incontournables !

Henri FILIPPINI

« Mickey Mouse : Café « Zombo » » par Régis Loisel

Éditions Glénat (19 €) — ISBN : 9782344014271

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