Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
Lire la suite...« Le Porteur d’histoire » par Christophe Gaultier et Alexis Michalik

« Le Porteur d’histoire » est une pièce de théâtre d’Alexis Michalik qui connaît, depuis sa création en 2011, un succès important et qui reste encore jouée à Paris. Elle récolte en 2014 deux Molières, celui du meilleur auteur et celui du meilleur metteur en scène. C’est cette pièce que Christophe Gaultier adapte aujourd’hui en bande dessinée, dans ces petites cases qu’on compare si souvent et si justement à des scènes…
Tout individu est porteur d’histoires avec un « s » à la fin du mot, contrairement au héros du récit de Michalik qui semble n’en porter qu’une, une histoire qui commence au fin fond des Ardennes où Martin Martin (choix d’un nom de « héros » volontairement vidé de toute identité) se rend pour l’enterrement de son père.
Il pleut à verse et Martin s’égare…
Mais c’est par une réflexion générale sur ce que sont « histoire » et « Histoire » qu’on accroche le lecteur, un prologue qui disserte alors qu’un personnage encore inconnu roule, de nuit, vers Mechta Layadat, là où, en 2001, une mère et sa fille ont disparu mystérieusement…
On est précisément en 2001, en Algérie, et Martin Martin s’arrête chez cette femme qui a hérité d’une bibliothèque étonnante…
Comme lui, en somme, qui par hasard s’est retrouvé propriétaire d’une quantité de livres enterrés dans un cercueil…
Tout cela semble bien compliqué surtout quand on le raconte et que de récit en récit, d’enchâssement en enchâssement, les histoires se nourrissent, se télescopent, s’enrichissent, se bousculent jusqu’à remonter à un père fondateur : Alexandre Dumas. Mais que vient-il faire dans cette galère, mieux dans cette « chasse au trésor » ? Tout est lié, en fait, à la disparition légendaire d’une famille noble, les Saxe de Bourville, sous la révolution française, et à un fabuleux trésor qui pourrait être trouvé par celui ou celle qui résoudrait l’énigme de cette disparition. Ce n’est pas simple…
C’est après avoir lu un carnet manuscrit trouvé dans le mystérieux cercueil dont on parlait plus haut que Martin s’est retrouvé entraîné dans une quête vertigineuse à travers l’Histoire et les continents, au point que son périple feuilletonesque se perd dans un récit à tiroirs multiples et frôle l’invraisemblance… apparente ! Et de tiroir en tiroir, le monde et le passé s’entrouvrent sous nos pas : les Ardennes, Alger, Versailles, Marseille, Villers-Cotterêts, Montréal, Avignon… mais aussi les années : 2001, 1988, 1822, 1348, 258…
Le dessin crayonné, charbonneux, de Christophe Gaultier se prête parfaitement à cette aventure rétroactive et délirante sous les couleurs de Marie Galopin. Ce n’est pas la première fois que Gaultier goûte à l’adaptation littéraire : on lui doit « Robinson Crusoé » en trois volumes (chez Delcourt, en 2007-2008), « Le Suédois » d’après Stephen Crane (Futuropolis, 2009) ou « Le Fantôme de l’opéra » d’après Gaston Leroux (chez Fétiche, en 2011 et 2013) et aux biographies (celle de Gauguin, au Lombard, en 2013), sans oublier le triptyque consacré à « Arsène Lupin » (Rue de Sèvres, 2014-2016). Toujours est-il que le dessin de Christophe Gaultier se prête parfaitement à ces rêves d’aventures et à ces aventures peut-être rêvées que ce porteur d’histoire veut bien nous dévoiler invitant Delacroix à rejouer les orientalistes tandis qu’ailleurs, dans des soirées mondaines, Dumas jalouse Victor Hugo… Mais faut-il croire tout ce qui se raconte ? Toute histoire n’est-elle pas fiction, même les vraies ? Surtout les vraies ?
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
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« Le Porteur d’histoire » par Christophe Gaultier et Alexis Michalik
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