Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« La Loterie » par Miles Hyman
Inspirée par une effrayante nouvelle publiée en 1948 dans le New Yorker et due à sa grand-mère Shirley Jackson (considérée comme un modèle pour des écrivains comme Stephen King ou Neil Gaiman !), « La Loterie » est adaptée en bandes dessinées par le talentueux Miles Hyman : l’histoire d’une journée de début d’été, en apparence ordinaire, où les habitants d’un petit village de la Nouvelle-Angleterre se retrouvent, du plus jeune au plus âgé, pour la loterie annuelle…
Inspirée par une effrayante nouvelle publiée en 1948 dans le New Yorker et due à sa grand-mère Shirley Jackson (considérée comme un modèle pour des écrivains comme Stephen King ou Neil Gaiman !), « La Loterie » est adaptée en bandes dessinées par le talentueux Miles Hyman : l’histoire d’une journée de début d’été, en apparence ordinaire, où les habitants d’un petit village de la Nouvelle-Angleterre se retrouvent, du plus jeune au plus âgé, pour la loterie annuelle…
Comme quoi, l’horreur est bien dans le banal et tout est une question d’ambiance : outre le rythme très lent de la narration ou la précision du trait, le travail sur les lumières et l’utilisation de la technique du fusain pour laquelle a opté ce dessinateur de certaines BD remarquables (comme les adaptations du « Dahlia noir » ou de « Nuit de fureur », avec le scénariste Matz) permettent, ainsi, d’alterner les tonalités ensoleillées et les passages nécessitant plus de densité ou, même, une certaine noirceur.
D’ailleurs, en donnant toute la place nécessaire aux aspects graphiques (il y a vraiment peu de textes et certains dessins bénéficient, souvent, de pages entières, voire de doubles pages composées comme des tableaux), cet illustrateur né dans le Vermont, mais vivant en France, surtout connu pour ses travaux publiés dans des magazines comme Libération, Télérama, Le Monde ou le New York Times, permet de mieux nous faire ressentir ce petit quelque chose qui, bizarrement, nous crispe et nous dérange, malgré le côté bucolique des décors ancrés dans le monde rural d’une Amérique iconographique des années quarante.
Alors que le suspense et l’angoisse montent tranquillement, les villageois vont donc procéder à ce curieux tirage au sort, pendant que le lecteur, lui, se demande bien de quelle sorte de rituel il s’agit exactement et ce que va, finalement, obtenir le « gagnant ».
Ce n’est qu’en refermant ce dense et passionnant roman graphique de plus de cent trente pages, qu’il comprendra pourquoi ce texte de Shirley Jackson est considéré, aujourd’hui, comme un classique de la littérature et pourquoi il suscita un tel scandale à l’époque. En tout cas, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur, son petit-fils a bien eu raison de mettre en images, dans le but de le faire connaître à un plus large public, ce récit étrange et atypique qui met à mal la puritaine et bien propre sur elle société de l’après-guerre.
Gilles RATIER
 « La Loterie » par Miles Hyman
Un ouvrage formidable car il y a une symbiose totale entre l’image et l’histoire. Ici, il y a vraiment de l’ambiance! On est loin des puérilités teslano-steampunk de certains …