Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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« Robert Sax T2 : Paradis perdus » par Louis Alloing et Rodolphe
Un bon vieux polar à l’ancienne, situé à Bruxelles, à la fin des années 1950… Élégant, érudit, Robert Sax dirige, sans grand plaisir, le garage hérité de son père. L’homme est toujours meurtri par le souvenir de l’assassinat d’Alice, sa jeune femme, tuée dans la rue par deux balles de petit calibre quelques années plus tôt par un inconnu qui n’a jamais été retrouvé… La mort, un soir neigeux de décembre dans le même quartier et dans des circonstances analogues, d’une jeune chanteuse du cabaret Les Trois Boules rouvre les plaies encore béantes de cette tragique disparition.
Aidé par l’inspecteur André Martine, son beau-frère, Robert se lance sur les traces de l’assassin de la jeune artiste dont la mort semble liée à Léon Poolerke : un trafiquant de drogue qui, signe du destin, n’a pas réclamé sa voiture en réparation dans son propre garage. Peg, sa jolie secrétaire qui ne manque pas d’imagination, participe à son tour à l’enquête qui les conduit jusqu’à une sombre affaire de vengeance…
Un solide et classique scénario écrit par Rodolphe qui rappellera, à ses vieux lecteurs, les enquêtes du commissaire Raffini (avec Jacques Ferrandez) débutées en 1980 dans Télérama. Louis Alloing, illustrateur venu à la bande dessinée en 1990, campe la série enfantine « Les Moineaux » (scénario Rodolphe) pour huit épisodes publiés dans Astrapi, puis reprend « Marion Duval », avant de créer « Robert Sax ». Ses images aux décors et aux personnages méticuleusement campés, les couleurs lumineuses de Drac (assistée de Sarah Murat) sont inspirées par la nouvelle ligne claire réaliste née dans les années 1970.
Pas étonnant que le premier épisode publié l’an dernier, « Nucléon 58 », ait remporté un beau succès tant auprès des médias que des lecteurs. Nul doute que ce second épisode, encore plus travaillé, suivra la même route. Notre enquêteur-garagiste sur fond de guerre froide se prépare déjà pour une nouvelle aventure qui le conduira sur la côte belge.
Henri FILIPPINI
« Robert Sax T2 : Paradis perdus » par Louis Alloing et Rodolphe
Éditions Delcourt (14,50 €) – ISBN : 978-2-7560-5764-4
