La parution des « Hêtres pourpres » démontre qu’il est possible d’adapter une enquête de Sherlock Holmes pour un jeune public. Sir Arthur Conan Doyle donne vie au plus célèbre détective de la littérature policière en 1887, dans le roman « Une étude en rouge ». Cinq ans plus tard, dans le recueil de nouvelles sobrement intitulé « Les Aventures de Sherlock Holmes », on trouve le récit « Les Hêtres rouges ». Celui-ci est adapté pour un jeune public, dès l’école primaire, dans une bande dessinée amusante et prenante : « Les Hêtres pourpres ».
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Après les divertissantes études de mœurs qu’étaient ses scénarios écrits dernièrement pour David Prudhomme, Sébastien Gnaedig ou Simon Hureau, le responsable de la sublime adaptation du roman « Ibicus » revient au dessin (et quel dessin !) pour nous conter la débâcle de juin 1940, pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans un diptyque qui s’annonce une fois de plus incontournable : comme toutes les bandes dessinées de Pascal Rabaté !
L’armée française, pourtant considérée alors comme l’une des plus puissantes du monde, ne peut contenir la puissance retrouvée de l’Allemagne nazie. En cinq semaines, l’avancée allemande en France entraîne la désintégration de l’armée et une gigantesque panique dans la population. C’est le chaos : six millions de personnes s’enfuient sur les routes avec de maigres bagages et une grande partie des soldats français perdent leur régiment à la suite de la confusion générale.
Passant habilement de la comédie au drame – et vice versa —, l’auteur des « Petits Ruisseaux » met justement en scène un jeune bidasse motocycliste perdu dans cette guerre dépourvue de sens. Laissé à l’arrière pour surveiller les corps de ses camarades décédés en attendant l’arrivée du corbillard de l’armée, il décide ensuite de partir à la recherche de son unité. En quelques jours, entre errances, avaries mécaniques et rencontres croquignolesques, il voit tous les repères du pays s’écrouler, devant l’ampleur de la défaite annoncée.
Rabaté démontre ici, une fois de plus qu’il est un fin narrateur et qu’il sait se documenter au mieux pour rendre crédible son histoire, mais, surtout, qu’il est aussi l’un de nos plus remarquables dessinateurs : il use avec maîtrise et subtilité du noir et du gris, tout en affinant son trait – de moins en moins caricatural —, pour mieux nous faire sentir la pesanteur et l’absurdité de l’atmosphère d’une époque désemparée par les montées des extrêmes : époque qui n’est peut-être pas si éloignée que ça de celle que l’on vit aujourd’hui…
Gilles RATIER
« La Déconfiture T1 : Première Partie » par Pascal Rabaté
Éditions Futuropolis (19 €) – ISBN : 978-2-7548-1691-5