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« Sayonara Football » T1 par Naoshi Arakawa

19/06/2016
Par Gwenaël Jacquet

Je vous vois déjà faire les gros yeux. Eh oui, le football envahit même le rayon manga. Impossible de passer outre en cette période de tournois européens. Mais si vous êtes allergique à la propagande sportive qui inonde tous les médias, vous pourrez pourtant, comme moi, vous surprendre à apprécier ce titre qui parle plus de la jeunesse et de ses valeurs.

Nozomi a 14 ans et elle ne vit que pour le football. Elle est championne dans sa catégorie, mais malheureusement pour elle, malgré ses efforts, il n’existe pas de club féminin dans son école faute de personnes intéressées. Elle doit donc s’entraîner avec les garçons qui étaient, jusqu’à présent, distancés par sa détermination et son jeu de jambes toute en souplesse. Mais les années passant, ses capacités physiques sont vite dépassées par la gent masculine qui gagnent en muscles et surtout en taille. Si la différence de force physique n’est pas un réel problème lors des entraînements, dans le cadre d’un tournoi, cela peut devenir un véritable handicap. Du coup, son entraîneur a décidé qu’elle ne participerait pas au tournoi des nouveaux. Frustrée, elle va tout essayer pour prouver qu’elle est autant capable que ses camarades. Elle est d’autant plus motivée qu’elle apprend rapidement que le capitaine de l’équipe adverse n’est autre que Namek, un ami d’enfance qu’elle martyrisait, car il n’était pas très bon au foot contrairement à elle. Celui-ci a depuis bien évolué et est devenu beaucoup plus sur de lui. Voire, arrogant, jouant sur ses capacités physiques qu’il estime supérieures.

Bien sûr le foot est au centre du récit, mais, comme dans beaucoup de mangas, le sujet principal est encore le dépassement de soi et l’apprentissage de la vie. Nozomi va se rendre compte qu’elle n’est plus la championne qu’elle a été. Son amour du ballon rond et des crampons déstabilisant les jeunes gringalets de son quartier à l’époque. Elle ne va pourtant pas se décourager et essayer de garder sa place coûte que coûte. Contrairement à ce qu’elle pense, son capitaine ne cherche pas à l’évincer, mais à la protéger. Elle ne s’en rend pas vraiment compte : elle est têtue, sacrifiant son temps libre et affrontant même le mauvais temps pour rester à niveau. Consciente de son désavantage physique grandissant, elle fera tout pour s’affirmer. Elle ne veut rien laisser paraître malgré la frustration qui la ronge.

Bien sûr, il est impossible de ne pas voir une corrélation entre l’édition de ce titre et le championnat européen de football qui se déroule en ce mois de juillet 2016. Cependant, même si vous n’appréciez pas ce sport, il reste une histoire extrêmement bien construite sur la place des femmes dans un univers assez macho. Il y a aussi, et surtout, le dessin de Noshi Arakawa, l’auteur de « Your Lie in April » dont ce titre sportif était sa première œuvre publié au Japon. Son trait caractéristique, ses personnages au regard intense souligné par leur pupille verticale au contour des yeux donnant un air félin, ses bouches en coin extrêmement expressives et ses profils dynamiques tracés d’un seul trait sont ici immédiatement reconnaissables. En seulement deux tomes, on retrouve la magie d’un sujet anecdotique, ici le foot, dans « Your Lie in April » le piano, servant de leitmotiv pour parler d’une jeunesse en quête d’identité.

Le football ne se conjugue que rarement au féminin, mais ce titre dynamique sait parler avec humour d’un sujet peu courant. Dans les années 1980, « Éric Castel » associait déjà football et BD, l’interminable « Olive et Tom » faisait de même avec le manga dans les années 1990. C’est maintenant le football féminin qui fait parler de lui avec le divertissant « Sayonara Football ».