Depuis 2021, chaque année, Tiburce Oger rassemble une belle équipe de dessinateurs et dessinatrices pour évoquer l’Ouest américain à travers des personnages authentiques – le Far West, donc – et l’exploitation de ces territoires par des individus qui oubliaient, bien souvent, qu’ils n’étaient que des colonisateurs assoiffés de richesses…
Lire la suite...Fillette après-guerre, première série : 1946-1953 (1ère partie)
Suite de la reprise du dossier de Michel Denni consacré à Fillette, le premier petit illustré féminin. Après les trois parties consacrées à la publication d’avant-guerre (voir : Fillette avant-guerre : 1909-1942 [première partie], Fillette avant-guerre : 1909-1942 [deuxième partie] et Fillette avant-guerre : 1909-1942 [troisième et dernière partie]), voici l’article sur le Fillette d’après-guerre, publié à l’origine dans Le Collectionneur de bandes dessinées, au n° 78 daté de l’automne 1995. On y parle de Jobbé-Duval, Mat, Pellos, Giffey, Calvo… mais aussi d’« Aggie » !
PANORAMA CRITIQUE ET DESCRIPTIF
Le jeudi 2 mai 1946, la Société parisienne d’édition (S.P.E.) fait reparaître Fillette après plus de quatre années d’interruption. C’est, en effet, le 8 mars 1942 que l’ancienne série avait rendu l’âme après une longue existence commencée le 21 octobre 1909 et continuée sur pas moins de 1 755 numéros. Des grands journaux d’avant-guerre destinés aux petites filles, Fillette est le premier à revenir, précédant de peu ses concurrentes : Lisette des éditions de Montsouris, qui fera sa rentrée dix jours plus tard (le 12 mai 1946), et La Semaine de Suzette de Gautier-Languereau qui sort le 30 du même mois.
QUATRE GRANDS POUR LES DÉBUTS DU JOURNAL : JOBBÉ DUVAL, MAT, PELLOS ET RENÉ GIFFEY.
Félix Jobbé Duval, collaborateur — en tant qu’illustrateur — avant la guerre, à L’Écho du Noël, Lili, La Jeunesse illustrée, Lisette, l’ancien journal Fillette, et dessinateur des Beaux Contes de fées à la S.P.E. en 1927, est chargé de la couverture du premier numéro.
Il réalise une très belle planche en couleurs pour un récit à suivre, « La Fée des roses », et illustrera, par la suite, essentiellement des romans et des contes avec un talent resté malheureusement méconnu à ce jour.
La bande dessinée, jusqu’à la fin de l’année 1946, est uniquement représentée par « Oscar le petit canard » de Mat au dessin tout en rondeurs, créé dans l’ancienne série de Fillette, en janvier 1941. (1) Pendant plus de quinze années, à raison d’une, parfois deux planches par numéro, ce turbulent volatile, protégé de la petite Josette, affrontera la tante Zulma dans des aventures hautement loufoques qu’il commente d’ailleurs, lui-même, à l’occasion.
Puis, à la veille de Noël 1946, survient « Durga-Rani, reine des jungles » montée sur un éléphant précédé d’un gorille (2).
Le grand illustrateur sportif René Pellos, déjà connu à la S.P.E. pour l’extraordinaire bande dessinée de science-fiction « Futuropolis » dans Junior, avant la guerre, livre ici une superbe histoire en images, au texte abondant certes, mais avec un tel sens du mouvement, notamment dans les cadrages et le découpage, qu’on peut la rattacher à la bande dessinée.
Le scénario de ce Tarzan féminin, athlétique et misanthrope, est de Jean Silvère, pseudonyme de l’auteur d’anticipation René Thévenin (bien connu dans l’entre-deux-guerres des lecteurs de Sciences et Voyages, magazine littéraire et d’information scientifique et technique français, édité par la S.P.E. à partir de 1919) qui continuera d’ailleurs les aventures de son héroïne dans Fillette, sous forme de roman, à partir de 1952.
En janvier 1947, l’ancien auteur maison René Giffey, au graphisme reconnaissable entre mille, qui dessinait « L’Espiègle Lili », puis « Les Aventures de Shirley » avant la guerre, est de retour avec de superbes illustrations couleurs en couverture pour le roman « La Petite Mousquetaire ».
Il publie ensuite « Fille de pirate », histoire avec texte sous l’image, en double page centrale avec une illustration de couverture.
La bande remporte un succès tel qu’un album est publié dès janvier 1948.
Les suggestives couvertures des n° 34 à 50, relatives à cette histoire, gardent, presque soixante-dix années plus tard, un pouvoir de fascination exceptionnel, tant pour la précision des décors et des vêtements des personnages que par l’efficacité des couleurs qui donnent une authenticité étonnante aux différentes scènes représentées.
Par la suite, Giffey va aussi réaliser, pour Fillette, « Dans la tourmente » en 1947, « Les Naufragés de la “Capricieuse” » (suite de « Fille de pirate ») en 1949, « La Fille du chercheur d’or » en 1950, ainsi qu’une bande de chevalerie : « Vallahad à la rescousse », suite du « Chevalier de Vallabad » créé par Kline sur un texte de Marcel Cendres.
Toutes aventures historiques, maritimes ou exotiques, avec texte sous image, qui confirment son immense talent. Plus tard, en 1954, il dessinera aussi pour Fillette « Prisonnières du désert » (texte de S. et P. Mouret) du n° 396 au n° 410.
Enfin, n’oublions pas les romans d’Huberte Hébert qu’il illustre avec brio (texte dans l’image), en 1948 : « Hortense aux cheveux d’or » et « La Princesse exilée ».
Ces travaux viennent compléter la bibliographie de René Giffey établie dans Le Collectionneur de bandes dessinées n° 41, en janvier 1984.
LA PAUVRE AGGIE, CENDRILLON MODERNE
Passons sur « Fino » par Jolioz, « Danièle sportive » par Bars et autres « Poupette star » par Stom, strips comiques sans grand intérêt, pour signaler l’apparition en mars 1947 d’une bande qui va faire les beaux jours du journal, marquant profondément les jeunes lectrices de l’époque, à savoir la « Pauvre Aggie ». (3)
Créée l’année précédente par Hal Rasmusson aux États-Unis, en strip quotidien, puis en planche du dimanche dans le Chicago Tribune, « Aggie Mack » met en scène une adolescente orpheline de mère.
Son père, officier de marine, donc souvent absent, s’est remarié avec une méchante dame pourvue d’une fille, prénommée Mona, et non moins exécrable.
Toutes deux prennent Aggie comme souffre-douleur, lui confiant les pires travaux domestiques, ce qui ne semble guère lui ôter le goût de vivre, puisqu’elle reste gaie et aimable avec un esprit de résignation digne d’une sainte.
Les effets mélodramatiques sont heureusement compensés par le charme indéniable qui se dégage de cette bande, laquelle, au fil des années, deviendra heureusement plus comique que tragique.
En 1960, après quatorze épisodes traduits, la série sera reprise par le dessinateur français Alexandre Gérard qui signe Al. G..
Mais, tandis que de nouveaux strips animaliers font leur apparition (les chiens « César », « Plic, Plac et Ploc » dessinés par Tim, « Bobbie »…), le mois d’avril 1948 voit le retour, dans Fillette, d’un ancien auteur maison : Edmond François Calvo (voir aussi Le réalisme chez Calvo).
LE RETOUR DE CALVO
Avant la guerre, il avait travaillé à la S.P.E. à partir de 1938 comme illustrateur de nouvelles dans Junior, de romans dans L’As (« La Vengeance du corsaire »), dans Fillette (« Abandonnée », « La Petite Bûcheronne », etc.).
Il revient dans le nouveau Fillette, en dessinant « Mike et la pantoufle », sur double page centrale et en couleurs, agréable conte fantastique de Gabrielle Legendre.
Il s’agit d’une curieuse synthèse entre « Blanche-Neige » et « Cendrillon », avec miroir, lutin, carrosse, bonne fée et pantoufle de vair. Presque toujours, la première page comporte une illustration d’annonce : chat-fée et nain conversant (n° 100), chien et chat complices (n° 104), pantoufles gambadant (n° 108), où notre auteur semble, à l’évidence, plus à l’aise que lorsqu’il doit dessiner le pavé littéraire central.
Calvo illustra aussi des contes sur un numéro, notamment « La Petite Poule grise » de Thérèse Le Caisne dans le n° 130, avec une superbe couverture d’animaux humanisés, « Les Trois Petits Lutins » de J. de Juillère au n° 138, avec une ruelle en clair-obscur. Mais nous sommes déjà en mars 1949 et, débordé par les commandes, il va quitter définitivement la S.P.E., pour Baby Journal, Pierrot et Grandir.
Michel DENNI
Mise en pages, notes et mise à jour du texte : Gilles Ratier
(1) « Oscar le petit canard » de Mat a aussi été publié sous la forme de dix-neuf albums brochés édités par la Société parisienne d’édition, dans la collection Les Beaux Albums de la jeunesse joyeuse, entre 1947 et 1963. Il en existe deux autres compilations : l’une dans la collection Les Grands Succès de la bande dessinée des éditions Prifo, en 1977 (qui contient des planches des albums 1 et 2 parus à la S.P.E.) et l’autre dans la collection Patrimoine BD des éditions Glénat, en 2007 (pages publiées dans Fillette en 1946 et 1947, avec neuf pages sur l’œuvre de Mat par Henri Filippini).
(2) Les cent vingt-six planches du premier épisode de « Durga-Rani, reine des jungles » par René Pellos et Jean Silvère ont aussi été publiées sous la forme de trois albums brochés édités par la Société parisienne d’édition (en 1949) et dans deux albums brochés édités par la SERG en 1976. Les cent quarante-quatre planches des deuxième et troisième épisodes ont été compilées dans trois albums des éditions Les Amis de Pellos, entre 1992 et 1994, repris en un seul tiré à cent exemplaires par l’association Regards, en 2003. La même année, cette microstructure a réuni les planches restées inédites dans un deuxième tome, toujours tiré à cent exemplaires.
(3) « Pauvre Aggie » par Hal Rasmusson a aussi été publié sous la forme de quatorze albums brochés édités par la Société parisienne d’édition, dans la collection Les Beaux Albums de la jeunesse joyeuse, entre 1948 et 1960.
Il en existe également une compilation publiée dans la collection Les Chefs-d’œuvre de la B.D. humoristique des éditions Vents d’Ouest, en 1993.
ROMANS À SUIVRE PARUS DANS FILLETTE
La Fée des rosés — Annie et Pierre Hot — Ill. de Jobbé Duval — n° 1 à 4
Le Mystère du Val noir — Léo Dartey — n° 1 à 24
La Petite Mousquetaire — B. Hiéris, puis G. Legendre — Ill. de Giffey — n° 1 à 29
Rosalinde, princesse errante — Lydie Servan — Ill. de Loys — n° 5 à 14
L’Épreuve de Flora, reine des fées — E. Le Maire — Ill. de Jobbé Duval — n° 15 à 26
Nouni et son arche — Gabrielle Legendre — Ill. de Loÿs — n° 24 à 38
Nicole et son héros — Annie et Pierre Hot — n° 25 à 32
Le Plus Beau Trésor — H. Mouret — Ill. de Jobbé Duval — n° 27 à 38
Catherine — Huberte Hébert — Ill. de Loÿs — n° 33 à 48
Océane princesse de la mer — H. Grégoire — Ill. de Mixi — n° 39 à 51
Gladys au pays des sphinx — Juliane Ossip — Ill. de Pierre Dardel —, n° 49 à 60
La Conquête du bonheur — Huberte Hébert — Ill. de Jobbé Duval — n° 52 à 63
La Petite Fille de nulle part — Ph. Mouret — n° 61 à 72
Le Papillon aux ailes d’or — J. de Juillère — Ill. de A. Jourcin — n° 64 à 68
À la recherche de la perle magique — J. Ossip — Ill. de Jobbé Duval — n° 69 à 82
Scintillante — Alin Monjardin — Ill. de A. Jourcin — n° 73 à 88
La Fée aux genêts — J. de Juillère — Ill. de Loys — n° 83 à 91
Cavalier du Marao — Philippe Mouret — Ill. de Gai — n° 89 à 100
Hortense aux cheveux d’or — Hébert — Ill. de Giffey — n° 90 à 95
La Princesse exilée — Huberte Hébert — Ill. de Giffey — n° 96 à 101
Nous partons pour l’Amérique — J. de Champagnac — Ill. de Loys — n° 101 à 121
Aurore, la petite châtelaine — H. Hébert — Ill. de Jobbé Duval — n° 111 à 124
La Sauvageonne — Gabrielle Legendre — n° 122 à 143
Les Trois Cheveux d’or (suite de la bande dessinée ill. par Gilon —
Voir le tableau synoptique) — Martial Cendres — n° 127 à 134
Les Pantoufles d’Opale — Mado Noëlle — Ill. de Jobbé Duval — n° 133 à 140
Colinette et les épis d’or — Mado Noëlle — Ill. de Jobbé Duval — n° 141 à 152
Ba-Toutoute chez les éléphants — Bernadette Hiéris — Ill. de Pellos — n° 144 à 153
Infime le moucheron — J. de Juillère — Ill. de Luco — n° 154 a 171
Les Sept Aventuriers — S. Ouvaroff — Ill. de Novi — n° 160 à 171
La Maison des sept lutins — Léo Dartey — Ill. de R.P. — n° 171 à 190
L’Archipel maudit — G. Mariéval — Ill. de Gali — n° 172-à 187
Le Roi des eaux vives — J. de Juillère — Ill. de Jobbé Duval — n° 182 à 193
Pervenche — Juliane Ossip — n° 191 à 204
La Petite-fille du Chat botté — Mado Noëlle — Ill. de Jobbé Duval — n° 194 à 200
Sylvanou et les 7 trésors — J. de Juillère — Ill. de Loÿs — n° 201 à 215
Pouquette et Toufou — Gabrielle Legendre — Ill. de Luco — n° 205 à 222
La Maison des jeux bleus — Philippe Mouret — n° 216 à 232
L’Or du mont Kolunn — Juliane Ossip — n° 230 à 242
Miss Fiérotte — Léo Dartey — n° 232 à 257
Les Dames blanches de Laoual — Martial Cendres — Ill. de R. Houy — n° 243 à 258
Les Enfants du rapatrié — Maurice Mario — Ill. de Jean Mad — n° 258 à 285
Le Sosie de Martine — Annie-Pierre Hot — n° 286 à 292
Marie, la petite reine — Huberte Hébert — Ill. de P. Magnin — n° 293 à 298
Durga Rani (suite romancée de la bande dessinée de Pellos —
Voir le tableau synoptique) — Jean Sylvère — Ill. de Pellos — n° 297 à 383
La Petite Fée des ondes — Annie-Pierre Hot — Ill. de Novi — n° 300 à 306
Les Trois Villes mortes — J. Austruy — Ill. de Jobbé Duval — n° 301 à 320
Histoire d’une paire de lunettes — J. de Juillère — n° 304 à 318
Un bouquet de petites filles — Philippe Mouret — Ill. de Gaty — n° 308 à 322
Les Mystères de la Vallée des rois — Paul Darcy — Ill. de Novi — n° 321 à 334
La Petite Émigrante — Chantereine Clay — Ill. de Jean Mad — n° 323 à 336
Je suis en possession d’un album de fillette, jadis cartonné, n°77 (1er janvier 1948) au n°102 (24 juin 1948), qui m’a été offert par ma grand-mère en 1951… j’ai lu avec délices la merveilleuse « Fée aux Genêts », « Hortense aux cheveux d’Or », « La Princesse exilée », Maggie…, je les ai lus à mes enfants et maintenant à mes petits-enfants.
Ce livre serait en excellent état si les outrages du temps et des déménagements n’avaient mis à mal la couverture cartonnée illustrée que je n’ai plus. Je souhaiterais qu’il vous soit possible de m’en faire passer un exemplaire, par mail, afin que je reconstitue ce livre auquel j’attache une importance affective particulière. Je souhaiterais savoir où m’orienter pour éventuellement faire l’acquisition de l’album suivant. Je vous remercie pour l’aide que vous pourrez m’apporter.
Bonjour,
Ìl s’agit de la reliure Fillette du 1er semestre 1948.
Il faut que Mme Combet s’adresse à différentes librairies de BD anciennes : Buret, Le Petit Roi, etc.
A la librairie Lutèce, il n’y a pas cette reliure Fillette en ce moment.
Cordialement,
Michel Denni
Monsieur bonsoir,
Je ne suis pas experte en informatique et c’est tout-à-fait par hasard, ce soir, que j’ai connaissance de votre message. Je vous en remercie vivement.
Je laisse passer quelques jours avant de prendre contact avec les librairies que vous m’indiquez, je pense que je trouverai leurs coordonnées sur internet.
Cordialement.
Monique Combet
Bonjour
Je me suis régalée en lisant vos articles sur Fillette
J’avais découvert les premiers numéros dans mon enfance, une collection ayant été donnée à ma mère par une amie
Les images et les histoires m’avaient enchantée (en particulier une bande dessinée où l’héroïne astiquait les étoiles!) en dépit de la mauvaise qualité du papier que je n’avais pas remarquée à l’époque
Malheureusement comme je passais mon temps à lire, ma mère a fait disparaître mes Fillette
Devenue adulte je me suis efforcée de reconstituer ma collection et j’y suis à peu près parvenue!
M’intéressant aux poupées, j’ai utilisé les patrons de Fillette et ai pu ainsi constater qu’ils étaient très bien étudiés, meilleurs que ceux de la Semaine de Suzette, car Friquette la poupée de Fillette n’avait pas de garde robe commercialisée.
Mais percontre je n’ai jamais trouvé de Friquette bien que l’ayant cherchée auprès de spécialistes
Si vous avez besoin de détails sur cet aspect de Fillette, je peux vous en fournir
Bien cordialement
Michèle